sports
culture
document
dossier







En développement





KOUAME YOUSSEF (GRAND PRIX DU PINCEAU D'OR)



L'ARTISTE AUX CURE-DENTS MAGIQUES



Après sa brillante victoire à la Fête du pinceau qui l'a consacré grand lauréat du pinceau d'or, l'heure de gloire semble avoir sonné pour Kouamé Youssef, le peintre venu de Yamoussoukro. Ses débuts, cependant, relèvent du véritable parcours du combattant. Nous sommes allés à la découverte de ce peintre au coup de cure-dents (brosse à dent africaine) magique.


Tout commence pour Youssef en 1978. Alors man uvre dans une scierie à Bouaflé, ses collègues et lui n'arrêtent pas de se plaindre des mauvais traitements à eux infligés par les patrons. Suivent alors de longs moments de solitude et de réflexion sur l'amélioration possible de la condition. Puis vient le jour où, après le départ de ses collègues, prostré sur le chantier, son regard, après avoir scruté le vide, s'arrête sur des débris. Dans lesquels, il distingue un seau de peinture, une porte à demi-peinte, une porte à demi-peinte et un pinceau abandonné là, sans doute par un ouvrier, las de travailler. C'est le déclic. "Je serai peintre". Se dit-il, sans savoir réellement de quoi il retourne. Lui, pour qui, le chemin de l'école s'est estompé en classe de CP2. (Il a insisté pour qu'on le mentionne). Ainsi à la fin du mois de cette "vision", Youssef claque la porte de la scierie après avoir empoché son salaire de 4.500 F CFA. Il s'achète un pot e peinture, une chemise neuve et décide de s'installer dans son village à Degbezere dans la sous-préfecture de Bouaflé où, il entreprend de s'initier à la maîtrise du pinceau.

A L'ORIGNE,

LE CURE-DENTS



Ne voulant atteindre la cour familiale en plein jour, Youssef marque un arrêt à l'entrée du village. A l'ombre d'un gros arbre, machinalement, avec un cure-dents qu'il venait d'utiliser pour se nettoyer les dents, il se met à esquisser des gribouillis sur l'emballage carton de sa chemise. Le résultat lui plaît. Une fois au village donc, il redouble d'ardeur mais cette fois en plus du cure-dents, il utilise aussi le charbon sur les murs des cases. A l'époque, je ne pouvais pas m'offrir un pinceau, donc je me contentais de ce que j'avais sous la main", explique-t-il.

Les encouragements de ses proches le décident à persévérer sur sa lancée. Aussi, s'inscrit-il à l'Ecole universelle de Paris où, six mois durant, il prend des cours de peinture par correspondance. "Etant prédisposé à faire ce métier, je voulais acquérir les différentes techniques afin de parfaire mes toiles", confie-t-il. Malheureusement, face aux difficultés financières, il sera contraint d'arrêter ses cours.

Il ne recule pas cependant. Enrichi par son passage à l'Ecole universelle, il réalise une série de tableaux et d'écide d'exposer dans une galerie à Abidjan. A cette époque, il commence déjà à faire parler de lui à Yamoussoukro où il est désormais établi et réalise de magnifiques portraits, notamment du Président Félix Houphouet-Boigny et ses invités de marque.

Ses talents de portraitiste, les galéristes à Abidjan n'en ont cure. Aucune galerie d'art ne se décide à exposer ses uvres qu'il trimbale sous les bras. Mieux! Une galériste lui aurait même lancé qu'il n'avait pas une écriture picturale.

NOUVEAU DEPART


"Aujourd'hui, je voudrais témoigner toute ma gratitude à cette dame. Après son refus cynique d'exposer mes uvres, je ne me suis pas laissé aller au découragement. Au contraire, je me suis remis au travail de plus belle et le résultat est là ) présent. Je commence à récolter les fruits de tant d'années d'efforts et de sacrifices", dit-il.

Son rêve du moment? Pouvoir exposer enfin à Abidjan. En effet à Yamoussoukro où il réside. L'Hôtel le Président a accueilli plusieurs fois ses uvres. En plus, les visiteurs de la Basilique Notre Dame de la Paix, lui font toujours l'amitié d'une visite de courtoisie. Kouamé Youssef est l'auteur de la fresque retraçant l'histoire du christianisme dans notre dans pays, exposée à la basilique. Mais au-delà de cette reconnaissance des habitants de Yamoussoukro, Youssef veut présenter au public abidjanais son savoir-faire. "En dehors du grapholies, je n'ai pas encore eu le plaisir de renouveler cette expérience. Quand je toucherai l'argent que j'ai gagné à la fête du pinceau, je vais essayer de m'organiser dans ce sens", projette-t-il.

LA TOUCHE YOUSSEF


"Incarnation de la force tranquille". C'est le nom de la toile qui lui a permis de remporter le Pinceau d'or 98. En fait, un doux portrait du Président Félix Houphouet-Boigny, né d'un harmonieux mélange de représentation de poids baoulés sur peinture acrylique et du collage de cauris et de pagnes kita. "Avant moi, témoigne Youssef, aucun peintre ne représentait les symboles de la culture Akan, notamment les poids baoulés. J'ai été le premier à explorer cette voie. Vu le nombre d'artistes qui m'ont suivi dans ce choix, je suis fier".

Sous ce portrait angélique, le grand lauréat de la fête du Pinceau a voulu immortaliser ainsi Félix Houphouet-Boigny, ce grand homme de sagesse africaine, avec tous les attributs du chef Akan, chaise, coiffe-royale. Autant d'éléments qu'on retrouve subtilement dans l' uvre, disséminés à travers des courbes et des bandes verticales.

L'harmonie des tons chauds confère au tableau une vitalité débordante. Reflet de l'ambiance générale autour du chef Akan qu'était le Président Félix Houphouet-Boigny. Ses préférences pour les couleurs ocre, jaune et terre nous plongent dans sa tendre enfance. Le jeune Youssef aimait par dessus tout admirer sa mère, potière, finir ses canaris. Le mélange du morceau de pagne à l'argile mouillée lui plaisait énormément. C'est le même effet qu'il essaie de retrouver en rajoutant des pièces de kita dans ses uvres, explique-t-il.

La particularité de Youssef, réside dans sa propension à puiser dans le terroir les éléments nécessaires pour achever son uvre. Ainsi quand il ne se sert pas des poids baoulés qui avouons-le apportent un cachet particulier à ses toiles, c'est avec les cure-dents qu'il peint. Un original, ce Youssef. Si au départ il a utilisé le cure-dent parce qu'il ne pouvait s'offrir un pinceau, aujourd'hui, le cure-dents est devenu son outil de prédilection. N'empêche, de temps en temps, il lui faut quelques infidélités au profit du kwekwe, le peigne africain. "J'aime travailler avec ces instruments parce qu'ils rendent mieux que le pinceau, ce que je veux matérialiser sur la toile", fait-il remarquer.

Au-delà de ses uvres, quel est le message que véhicule Youssef? "A la recherche de l'épanouissement, j'ai le souci de montrer l'homme heureux. Afin de l'amener à oublier son lot quotidien de tracas. Car la vie est ainsi faite. On est submergé de problèmes et des éclipses de bonheur nous les font oublier", confie-t-il.

CHANTAL CATCHA-PICARD

Directeur Général:
Michel KOUAME

Siège Social - Administration
Rédaction - Abonnements

Boulevard du Général De Gaulle
01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI
Tél.: (225) 37 06 66
Télex: 24 115 Abidjan
Télécopie: (225) 37 25 45
E-Mail:[email protected]
Dépôt légal éditeur: n� 2 184
du 18 mai 1987

Diffusion
EDIPRESSE
09 BP 254 Abijan 09
Tél.: (225) 37 17 27 - 37 18 60
Télex: 24 118 DIPRES

Impression
Société d'Imprimerie
Ivoirienne (S.I.I.)
01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI
Té1.: (225) 37 06 66 - Télex: 24 115 Abidjan

Publicité Côte d'Ivoire
01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI
Tél.: (225) 37 04 66 - 37 06 66

Publicité étrangère
78, Avenue Raymond Pointcaré 75116 Paris
Tél.: (331) 45 01 54 55
Fax: (331) 45 01 64 02


Copyright ©1997 Groupe FraternitéMatin.Tous droits réservés.
Africa Online décline toute responsabilité quant au contenu diffusé sur ces pages, propriété de S.N.P.E.C.I (Société Nouvelle de Presse et d'Édition de Côte d'Ivoire).

Remarques et questions à Africa Online : [email protected]