|
Le Président BEDIE hier aux députés PDCI"CLAMEZ HAUT LES REALISATIONS DU GOUVERNEMENT"Un peu moins de deux semaines après la rencontre qu'il a eue le 12 juin dernier avec l'ensemble des députés de l'Assemblée nationale autour du déjeuner qu'il leur offrait au palais présidentiel, le Chef de l'Etat S.E.M Henri KONAN BEDIE a rencontré hier matin à la salle de conférences de la Maison du PDCI à Cocody le groupe parlementaire de son parti conduit par son président Auguste Miremont, député de Bin-Houyé. Ce fut également une occasion d'échanges cordiaux entre le Président de la République et les députés de la majorité présidentielle à qui le Chef de l'Etat a demandé d'être "fiers de la moisson qui est abondante, des promesses tenues et des perspectives ouvertes". Les députés du parti au pouvoir doivent surtout être "rayonnants et conquérants en mobilisant les Ivoiriens autour de nos programmes, projets et chantiers du développement intégral". "Suivez attentivement", devait recommander le Président BEDIE aux députés, "et clamez haut les réalisations du gouvernement dans toutes les régions, selon la programmation de nos actions et non selon les doléances improvisées à chaque occasion". Le Président de l'Assemblée nationale, M. Emile Brou, était présent à cette rencontre. DISCOURS : Monsieur le Président de l'Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les Députés, Chers compagnons, Le président Georges Pompidou disait avec beaucoup d'à-propos: "Bien sûr, le Président de la République est l'élu de tous les Français, mais grâce à une majorité et malgré une minorité". Eh bien, moi aussi, je suis le Président de tous les Ivoiriens, mais grâce à une très large majorité. Vous êtes cette majorité à l'Assemblée nationale qui nous permet de gouverner dans la légitimité et de réaliser le programme de gouvernement approuvé par le peuple ivoirien avec les concours des bailleurs de fonds. Tous nous sommes en quête du progrès pour tous et du bonheur pour chacun. C'est dire le très grand plaisir que j'éprouve à vous accueillir, une nouvelle fois, pour dialoguer en toute liberté sur l'action que nous menons, sur les critiques souvent injustifiées qu'elle suscite, sur les résultats dont nous pouvons être fiers sans triomphalisme car l' uvre de modernisation ne s'obtient que dans la durée et dans la persévérance. Vous venez d'exprimer avec beaucoup d'éloquence et de sincérité votre appréciation positive de notre action commune et surtout votre engagement à nos côtés dans l'union, la discipline et le travail trois impératifs sur lesquels reposent les chances de réussite de la Côte d'Ivoire. J'apprécie à sa juste mesure ce témoignage de fidélité et de responsabilité; je vous en remercie très sincèrement. Vous avez mis en évidence des problèmes généraux de la nation d'une part et des problèmes particuliers de la représentation nationale et des députés du PDCI-RDA, d'autre part. S'agissant des réformes constitutionnelles, vous avez bien compris la nécessité d'adapter notre système politique à l'évolution de notre société et de notre époque. Ce faisant nous maîtriserons pleinement notre développement politique. Nous avons adopté, dès notre accession à l'indépendance, une bonne constitution reposant sur des valeurs et des principes universels, sur une organisation moderne de l'Etat. Par des amendements successifs, nous la mettons à jour, tout en en préservant l'esprit démocratique ouvert au multipartisme. Vous remarquerez également que notre constitution reprend des dispositions des constitutions américaine, française et suisse. D'où vient-il que des conditions de naissance et de résidence passent pour démocratiques aux Etats-Unis et qu'elles ne le seraient pas en Côte d'Ivoire? Que le septennat sans limite de mandat (mais avec limite d'âge) ne soit pas une fixation en France et qu'il le soit chez nous? Que le président français soit investi de pouvoirs exceptionnels avec l'article 16, en cas de péril grave, et que l'article 10 nouveau de notre constitution soit l'objet de critiques véhémentes alors que sa pertinence, eu égard aux réalités africaines, n'est plus à démontrer? Pour ma part, j'explique cela par le sectarisme et les soupçons gratuits et les arrière-pensées calculatrices qui animent certains Ivoiriens, notamment de l'opposition et peut-être aussi, par la croyance en une constitution modèle qui n'existe nulle part. Les constitutions sont celles que se donnent des peuples souverains en fonction de leur culture et de leurs intérêts nationaux supérieurs. Je voudrais également redire avec force que je n'ai ni l'âme d'un autocrate, ni le comportement d'un despote. Par formation et par conviction, je suis un démocrate sincère et un patriote intransigeant qui gouverne en s'appuyant notamment sur la représentation nationale. Nous avons proposé que les conditions d'éligibilité soient incorporées dans la constitution pour éviter des débats interminables à l'occasion de chaque élection présidentielle, en même temps qu'elles préservent, au-delà de toute contingence, l'intérêt de notre pays qui doit être dirigé au plus haut niveau par des Ivoiriens de souche incontestable. Je prends acte de votre proposition de reconduire les dispositions de l'article 49 de la loi portant Code électoral. Elus de la nation, vous êtes tout à fait qualifiés pour évaluer et traduire la volonté générale en partageant avec le Président de la République les profondes convictions du peuple dans la défense du bien commun qui, pour le cas échéant, a pour noms l'identité et la personnalité distinctes de la Côte d'Ivoire dans le monde. Je souhaite qu'il en soit de même pour le Code foncier rural. Cette loi arrive à son heure et doit pouvoir être votée, sans précipitation mais aussi sans délai indéfini, pour éviter le précédent de la loi foncière de 1963, jamais promulguée à cause de la conjonction des conservatismes rétrogrades et des man uvres à relents tribalistes régionalistes et antinationales. Après les campagnes de sensibilisation que les élus et les ministres mèneront, je rencontrerai les paysans de Côte d'Ivoire pour un dialogue franc et décisif. Après quoi vous pourrez reprendre l'examen des textes pour légiférer dans l'intérêt de la paix et d'une Côte d'Ivoire moderne. Une Côte d'Ivoire en développement. Sur la question de la transhumance qui revient de façon lancinante dans les préoccupations des paysans du Grand Nord, les mesures ont été déjà arrêtées et doivent être appliquée sans faiblesse. Des procédures de règlement des litiges en cas de dommages causés aux animaux ou aux cultures sont prévues dans le cas des commissions villageoises de conciliation, des commissions sous-préfectorales de règlement des litiges, des commissions préfectorales de recours et d'arbitrage, enfin de la commission nationale de suivi de la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs. Votre proposition de relèvement du taux de dédommagement des dégâts de culture rencontre mon agrément. Elle doit être étudiée et mise en uvre par le gouvernement et la société civile en plus des dispositions déjà prises. Je voudrais par contre calmer vos appréhensions relatives aux conséquences de la privatisation du secteur des travaux publics. Cette privatisation vient à peine de se faire et il est inévitable que le changement crée une phase transitoire de flottement. Mais la reprise de l'entretien routier est pour bientôt. Chaque année, les programmes de travaux, notamment de réfection et d'entretien des pistes rurales, seront définis, arrêtés par l'administration, les populations et leurs élus, et des appels d'offres lancés. C'est bien sûr une expérience nouvelle que nous tentons et que nous pouvons réussir avec le concours des bailleurs de fonds. Il s'agit de dispositions qui s'analysent aussi comme des incitations au développement des petites et moyennes entreprises. Vous savez toute l'attention que j'accorde à la vie et au développement de toutes nos régions, des zones rurales tout particulièrement. C'est pourquoi d'ailleurs j'ai entrepris de les visiter à tour de rôle. Je me rendrai ainsi, cette année, dans les régions du Moyen-Comoé et des savanes. Celles où je n'ai pas encore pu aller (il en reste très peu) seront programmées pour 1999. Vous revenez avec raison sur la lutte contre le banditisme et la corruption pour laquelle vous m'apportez votre soutien. Je prends acte de votre engagement. Je crois avoir assez indiqué, à maintes occasions, ma volonté inébranlable de combattre ces fléaux à tous les niveaux. Je le répète, il convient de lutter contre la criminalité et le grand banditisme avec détermination, avec la même rigueur que nous devons consacrer à la lutte contre la corruption et au renforcement de la moralité publique et de la bonne gouvernance en Côte d'Ivoire. Mais la criminalité ne baissera pas seulement par l'exécution des grands bandits. Au demeurant, la peine de mort est toujours légale, même si nous avons une pratique abolitionniste de fait. Conjuguons plutôt tous les moyens pour réduire, à défaut d'éradiquer totalement, la criminalité. Avec le temps, nous aurons les moyens en hommes et en matériel pour quadriller le pays qui n'aspire qu'à vivre dans la sécurité et la liberté. La lutte engagée contre la pauvreté nous aidera par ses résultats positifs dont personne ne doute s'agissant de la Côte d'Ivoire. Quant au phénomène des Dozos, le texte du gouvernement prévoit une phase de sensibilisation qui est en cours. Dans tous les cas, la sécurité publique est assurée par les forces institutionnalisées et le gouvernement veillera au respect de la loi et de l'ordre, en dépit des menées subversives de quelques irresponsables excités. N'en doutez pas, ils seront "cueillis" à temps. Chaque fois que des délits de corruption sont avérés, les coupables sont mis en examen et condamnés. Pour les affaires pendantes, la justice doit d'abord se prononcer, pour éviter des erreurs difficiles à réparer surtout quand il s'agit de l'honneur et de la dignité des personnes. Le secret de l'instruction est un droit des citoyens, n'en déplaise à la presse à sensation qui voudrait gagner de l'argent sur ces affaires. Je souhaite que le débat sur la corruption soit situé dans ses justes perspectives pour éviter les amalgames, les règlements de comptes et les outrances d'une opposition qui tente d'en profiter pour disqualifier les gouvernants dans un dessein de déstabilisation. Je remarque d'ailleurs que nos adversaires, incapables de proposer une véritable alternative à notre politique, ramènent tout à des problèmes de personnes, ce qui ne suffit pas à définir un programme, moins encore une politique. La réforme de notre fonction publique, notamment l'avancement au mérite qui suscite quelques contestations, participe d'une certaine manière de la recherche de la productivité et de la recherche de l'excellence. Vous devriez en accepter le principe, quitte à faire des propositions sur les modalités de sa mise en uvre. Vous me permettez d'aborder à présent les problèmes particuliers de la représentation nationale. Pour avoir été moi-même député et président de l'Assemblée nationale, j'ai vécu ces problèmes et apporté pour certaines doléances des solutions qui bénéficient toujours à tous les députés en exercice. J'ai déjà donné mon accord pour une rencontre annuelle avec tous les députés. J'acquiesce à votre requête d'une rencontre au début de chaque session parlementaire entre les députés PDCI-RDA, le Président du Parti et le Secrétaire général. Et les membres du gouvernement doivent également entretenir une collaboration ouverte avec les élus du parti dont ils sont issus. Le Président de l'Assemblée et le Secrétaire général de l'institution vous aideront dans l'organisation de ces audiences qui devront toujours être précédées d'une note préalable. Pour améliorer les relations de travail au sein du Parti, j'ai donné des instructions pour le démarrage des travaux des comités techniques du Parti et l'ouverture officielle de l'Institut de formation politique de nos cadres dès le mois d'octobre à Yamoussoukro en présence de tous nos secrétaires de section. Mais toutes les initiatives les plus prometteuses, les structures les plus utiles n'auront d'effet que si nous savons tous dépasser les querelles de personnes et de clocher, pour travailler ensemble dans l'intérêt bien compris de notre grand Parti et de la Côte d'Ivoire. S'il en était ainsi, nous n'en reviendrons pas, pour la énième fois, à la définition des missions et des prérogatives des uns et des autres _ les textes qui nous régissent sont suffisamment explicites à ce sujet _ les hauts cadres que vous êtes, devriez donner le bon exemple aux autres militants, sans nous amener à des rappels à l'ordre incessants, à des sanctions et à des réconciliations interminables. Je vous demande d'aider la haute direction du Parti à assurer, comme vous le souhaitez, une meilleure coordination entre les secrétaires de section, les députés et les maires. Ce devrait être la fonction première des délégations départementales et communales, que je vous exhorte tous à animer dans le meilleur esprit de collaboration fraternelle et de militantisme éclairé qui sied aux cadres d'un grand Parti politique. Cette question sera portée, une fois encore, devant tous les militants parce qu'il conditionne la marche harmonieuse du Parti et ses succès électoraux. D'ores et déjà, je vous demande de reprendre l'offensive pour éclairer l'opinion publique et expliquer à tous nos concitoyens l'immense tâche accomplie à mi-parcours de notre mandat pour la réalisation des dix chantiers de réformes et d'action, tant au plan national que régional et départemental. Un ouvrage vous offrira bientôt l'inventaire précis et détaillé de ce qui a été déjà fait et qui va se faire. Il sera mis à jour et complété pour les élections de l'An 2000. Vous pouvez déjà être fiers de la moisson qui est abondante, des promesses tenues et des perspectives ouvertes. Soyez rayonnants et conquérants en mobilisant les Ivoiriens autour de nos programmes, projets et chantiers du développement intégral. Soyez les fers de lance, les messagers et les apôtres de l'unité ou de la cohésion nationale, de la lutte contre le tribalisme et l'exclusion, du combat pour la moralisation de la vie publique, des réformes structurelles pour la modernisation de la Côte d'Ivoire dans tous les domaines, de la défense de la paix en toutes circonstances, du respect des valeurs républicaines, du devoir de respect mutuel, de la non violence à l'école et en société, de la justice et de la solidarité entre Ivoiriens, des efforts pour sortir le pays de la dette, du combat pour la sécurité alimentaire et de l'indépendance économique. Suivez attentivement et clamez haut les réalisations du gouvernement dans toutes les régions selon le programme de nos actions et non selon les doléances improvisées à chaque occasion. Et barrez les chemins à la désinformation d'une presse de bas niveau et dites non aux intrigues qui tentent de saper le moral de nos militants, pour rompre la fraternité qui nous lie au PDCI. Nous sommes toujours l'espérance de notre peuple qui lève le regard au-delà du jour, pour scruter le futur, pour se mobiliser dans l'unité et réussir le vaste programme de transformation sociale établi pour une génération. Soyez rayonnants et conquérants, ne vous laissez point ébranler par les critiques négatives des gens de mauvaise foi et d'une presse qui refuse, malgré nos admonestations bienveillantes, de suivre l'évolution inexorable de notre pays sur les chemins de la liberté, de l'indépendance économique et de son rayonnement international. On dit chez nous que le regard envieux ou que les jurons furieux du chasseur ne tuent pas l'agile antilope. A la faveur de l'actualité, j'ai eu à suivre ces jours-ci des réflexions qui, pour le moins, manquaient d'analyse lucide et de sérénité au sujet d'une disposition particulière du Sénat induite dans les textes que vous venez d'examiner en commission. Il est vrai, rigoureusement vrai que certains pays font élire tous les sénateurs. C'est le cas de la France où ils sont élus par des collèges composés d'autres élus. Il est aussi vrai que d'autres, au contraire, ont opté pour la nomination des membres, tous les membres, de leur Sénat. C'est le cas du Canada où ils sont nommés par le Premier ministre. Mais il est également vrai qu'il y a des types de Sénat à composante mixte comme on en voit en Irlande où le Sénat réunit onze membres nommés par le Premier ministre, six membres élus par l'université et 43 élus au suffrage indirect par un collège formé de conseillers locaux. Par rapport à ses missions, il apparaît indispensable d'adopter un mode de recrutement adapté au Sénat. En effet, cette chambre aura, pour en garantir l'efficacité, besoin d'une dose de compétences extérieures qui ne peut pas toujours être obtenue par le biais des élections. De fait, les considérations qui guident l'électorat ne sont pas forcément en rapport avec les compétences dont l'apport est souhaité. Certes, il ne s'agit pas de mettre en cause le choix des électeurs, mais de permettre au Président de la République de disposer d'un moyen d'équilibrer la composition de la chambre, l'objectif étant de garantir la contribution de personnalités émérites, aux compétences avérées dans divers domaines pour enrichir les travaux de cette chambre. De plus, le dosage apparaît indispensable pour un organe à vocation régulatrice. Même si le tiers des sénateurs est nommé, ce choix n'est pas fait par n'importe qui. Il est le fait de celui qui détient la souveraineté et qui nomme aux emplois supérieurs, y compris l'organe régulateur de la vie politique de la nation, à savoir le président et les membres du Conseil constitutionnel. L'on ne peut donc pas parler de despotisme dans la mesure où le Président de la République est l'organe le plus représentatif de la souveraineté. Il est le représentant du peuple le plus qualifié en raison de son mode d'élection (il est élu au suffrage universel sur l'ensemble du territoire). Voilà la réponse à donner. Merci encore de votre visite et de ce dialogue fraternel. Henri KONAN BEDIE
|
Directeur Général:
Michel KOUAME
Siège Social - Administration
Diffusion
|
Impression
Société d'Imprimerie Ivoirienne (S.I.I.) 01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI Té1.: (225) 37 06 66 - Télex: 24 115 Abidjan
Publicité Côte d'Ivoire
Publicité étrangère
|
Remarques et questions à Africa Online : [email protected] |