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SIDATROIS BATEAUX POUR FUIR LE SIDALe Sida, est-ce toujours l'affaire des autres ou est-ce forcément l'affaire de tous? Pour mieux répondre à la question, il faut certainement avoir vécu l'expérience d'une personne exposée à l'infection par le VIH. Il faut avoir vécu cette expérience, ne serait-ce que par le jeu, un jeu franc. Imaginez-vous dans un groupe de 30 à 40 ami(es). Une seule de ces personnes est porteuse du VIH et chaque personne peut entretenir des relations sexuelles avec une à trois autres personnes. Pas plus. Parce qu'il s'agit d'un jeu, une simple poignée de main correspond à un rapport sans risque. Une poignée de main avec un signe dans le creux de la main par l'un des partenaires correspond à un risque d'infection par le VIH. Quelle est la probabilité de contamination des uns par les autres à partir du seul porteur du VIH ignoré de tout le groupe mais membre du groupe. Quelle est cette probabilité même si l'on peut enregistrer dans le groupe un ou des cas d'abstinence. A l'heure du bilan, que d'interrogations. Des questions que chaque élément du groupe peut se poser et poser. La nature de la transmission du VIH, l'importance de la confidentialité, la nécessité de parler franchement avec les partenaires sexuels, celle de décider si l'on veut se soumettre à un test, les avantages de savoir si oui ou non l'on a été contaminé, l'angoisse de l'attente des résultats, l'aide nécessaire aux personnes vivant avec le virus, la discrimination et la nécessité de modifier les comportements pour arrêter la transmission du virus et le rejet des porteurs du VIH. Au total, le Sida rappelle soit un feu de brousse qui ravage tout sur son passage, soit une inondation ou un déluge qui emporte ou engloutit tout. Une seule conduite: réussir à sortir de l'eau en montant à bord du bateau le plus proche, quitte à changer de bateau par la suite. Dans tous les cas, il n'y a que trois bateaux en présence et il faut s'entr'aider à s'accrocher à l'un d'entre eux. Tous à bord, y compris ceux qui ont la réputation de grand nageur. Chacun des membres de la société, en fonction de sa culture, de sa religion, de son idéologie, de sa profession, doit opérer un choix. Et se loger, soit sur le bateau abstinence, soit sur le bateau fidélité, soit sur le bateau préservatif. Les trois bateaux, les seules voies de survie face au Sida conseillées par Bernard Joiner et Théodore Mugolola, deux auteurs bien connus aux éditions Karthala, en France. Pour leur ouvrage intitulé "Survivre face au Sida en Afrique", 1994. ADM
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