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Forum économique de DakarCAP SUR LE PARTENARIAT RENFORCE AVEC LA BANQUE MONDIALEL'Afrique veut se remettre définitivement sur l'orbitre de la croissance. La Banque mondiale y croit. Et avec elle, les chefs d'Etat africains. Réunis à Dakar samedi et dimanche dernier autour de M. James D. Wolfenson, dix-sept chefs d'Etat d'Afrique occidentale, centrale et de Madagascar parmi lesquels le chef de l'Etat S.E.M Henri KONAN BEDIE? Ont tenté de bâtir une vision consensuelle sur la stratégie de développement du continent. Voici le texte intégrale des idées-phares qui se sont dégagées de ce forum Sur invitation du Président de la République du Sénégal, les chefs d'Etat du Bénin, du Burkina Faso, du Cap Vert, du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Gabon, de la Gambie, de la Guinée Equatoriale, de Madagascar, du Mali, du Niger, de la République Centrafricaine, de Sao Tomé et Principe, de Sierra Leone et du Tchad, le vice-président de la République sud-africaine, et le président de la Banque mondiale ont participé à Dakar, les 20 et 21 juin 1998, à un forum consacré au développement de l'Afrique. Cette importante rencontre fait suite au forum qui s'était tenu à Kampala (Ouganda) les 23 et 24 janvier derniers. Le Forum de Dakar, s'inscrivant dans le même cadre que celui de Kampala, avait pour principal objectif de partager les leçons tirées de leurs expériences de développement respectif et de bâtir une vision consensuelle sur la stratégie de développement de l'Afrique. Les débats, qui se sont déroulés dans une atmosphère cordiale et chaleureuse, ont porté sur les questions suivantes: la vision du devenir du continent; la mondialisation et l'intégration; la gestion des ressources naturelles; le renforcement des capacités. La priorité accordée à ces thèmes tient au contexte actuel de l'environnement mondial, et à l'importance de ces questions au regard de toute stratégie pertinente visant le développement de l'Afrique. Dans le prolongement des travaux du Forum de Kampala, la réunion de Dakar, par les contacts et les discussions au plus haut niveau qu'elle a permis, a contribué au renforcement du nouveau partenariat instauré entre l'Afrique et la Banque mondiale. Les dirigeants africains et le président de la Banque mondiale ont réitéré l'importance de telles rencontres, qui offrent l'occasion de dé finir, de la façon la plus consensuelle possible, les bases sur lesquelles devront reposer à la fois la stratégie de développement de l'Afrique et le type de partenariat devant faciliter la mise en uvre de la stratégie retenue. DE MEILLEURES PERSPECTIVES DE DEVELOPPEMENT L'analyse rétrospective a montré que l'Afrique était en profonde crise au cours des années 80, et a amorcé son redressement économique et social depuis le milieu des années 90, comme en atteste le taux de croissance économique devenu à partir de 1995 plus élevé que le rythme de la croissance démographique. Bien qu'ayant accompli des progrès notables dans la voie de la démocratisation, les dirigeants et le président de la Banque mondiale ont souligné que l'Afrique a besoin de paix et de stabilité pour consolider les acquis et réaliser de nouveaux progrès. Ils ont noté comme autre prérequis au développement la répartition équitable des ressources disponibles, ainsi qu'une agriculture performante capable d'offrir une occupation viable aux populations rurales. L'agriculture doit également contribuer à assurer la priorité que constitue la sécurité alimentaire. De même, l'industrialisation et la valorisation des matières premières, le développement de l'éducation et de la technologie, la satisfaction des besoins de base en matière de santé et de nutrition, ainsi que le développement des infrastructures, dans les domaines des transports et de la communication, de l'eau et de l'énergie constituent des priorités de premier rang. Les participants au forum ont insisté sur la nécessaire promotion du secteur privé, à travers notamment un environnement juridique et réglementaire incitatif. Au-delà de l'objectif de scolarisation universelle à atteindre à la fin de la prochaine décennie, ainsi que l'accès aux soins de santé de base, la valorisation des ressources humaines doit être renforcée par le développement de l'enseignement technique et professionnel, et par une utilisation plus efficiente des compétences locales. Concernant la conception et la conduite des programmes soutenus par les partenaires au développement, une meilleure prise en compte des réalités sociales a été recommandée, ainsi que davantage de coordination et de cohérence dans les interventions. A cet égard, une attention particulière doit être accordée aux pays en reconstruction ainsi qu'aux priorités définies par les Etats. S'agissant de la dette, les chefs d'Etat ont insisté sur la Nécessité de poursuivre les efforts d'allégement et d'agrandir le cercle des bénéficiaires. Pour l'efficacité des réformes et le renforcement du partenariat, les dirigeants africains et le président de la Banque mondiale ont reconnu que l'appropriation des politiques, la mobilisation accrue des ressources internes et le développement des capacités d'absorption sont des principes à promouvoir. VERS LA MONDIALISATION Au titre de la mondialisation, les dirigeants africains et le président de la Banque mondiale ont noté son caractère irréversible. Il s'agit donc pour l'Afrique de réunir les conditions de son insertion harmonieuse dans ce processus. Cette insertion repose essentiellement sur la compétitivité des économies. Elle nécessite également la réussite des stratégies d'industrialisation. Les dirigeants africains et le président de la Banque mondiale ont par ailleurs noté que relever le défi de la mondialisation exige le renforcement du processus d'intégration. Ce renforcement se fera, d'une part par le développement des infrastructures, et d'autre part, par la ferme volonté des Etats qui devra se traduire par l'acceptation de transferts effectifs de compétences au profit d'institutions régionales rationalisées. Enfin les dirigeants africains ont salué l'initiative de la Banque mondiale consistant à financer des projets culturels, en appui à des programmes spécifiques destinés à la préservation des cultures et traditions africaines menacées par la mondialisation. UNE GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES Alors que les économies des pays de l'Afrique au Sud du Sahara dépendent encore largement des ressources naturelles et que la majorité de la population vit dans les zones rurales et tire l'essentiel de ses revenus de l'agriculture, on assiste depuis plusieurs décennies à l'apparition de trois tendances qui se renforcent mutuellement: un accroissement rapide de la population, une stagnation de la production agricole et une dégradation de l'environnement. Il devient impératif pour les pays de l'Afrique au Sud du Sahara de gérer de manière efficace et efficiente leurs ressources naturelles, en particulier les ressources en eau, les terres de culture et les ressources forestières. Il importe d'assurer une gestion équitable des ressources en eau, conciliant les usages domestiques et les usages économiques, notamment pour l'agriculture irriguée. L'approche de gestion communautaire et décentralisée des ressources naturelles est une voie de plus en plus empruntée pour combattre la dégradation des ressources naturelles et faire reculer la pauvreté. Dans la gestion des ressources en eau, la Banque mondiale est invitée à apporter davantage son appui à la coopération régionale entre pays riverains, ainsi qu'à la réalisation d'infrastructures villageoises et pastorales et de réseaux d'irrigation. RENFORCEMENT DES CAPACITES Le renforcement des capacités est une dimension essentielle de la vision que l'Afrique a de son développement. La prise en compte de cette dimension vise "l'amélioration des institutions, des pratiques et des compétences des personnes" en permettant aux pays africains d'atteindre leurs objectifs de développement. L'importance du renforcement des capacités en Afrique a été réaffirmée par les participants. Trois principes doivent être observés: - le renforcement des capacités en Afrique qui doit être l'affaire des Africains eux-mêmes; - les appuis attendus dans ce cadre doivent s'insérer parfaitement dans les activités de la Banque mondiale et des autres partenaires au développement; - l'utilisation plus efficiente des compétences devra être subordonnée au mérite. Les objectifs poursuivis par le renforcement des capacités s'articulent autour: de la valorisation des ressources humaines, de la bonne gestion des affaires publiques, de la promotion du secteur privé et des investissements étrangers. S'agissant du partenariat pour le renforcement des capacités, il a été convenu de soutenir fortement l'initiative des Gouverneurs africains et de la faire présenter au conseil d'administration de la Banque mondiale après des consultations ultérieures entre les chefs d'Etat africains. Le processus de renforcement des capacités en Afrique doit s'affranchir d'un certain nombre d'obstacles et d'entraves au développement. Pour lever ces obstacles au développement et éliminer les difficultés et entraves, l'accent devra être mis sur les domaines prioritaires: L'éducation La santé La gestion des affaires publiques. A ce propos, la Banque mondiale a accueilli favorablement la proposition de bâtir des programmes décennaux dans les secteurs clés, comme l'éducation, la santé et les infrastructures de transports et de communication. Il importe de noter que la question de l'efficacité de l'aide et du partenariat a été abordée à travers les thèmes discutés. Enfin, un comité de suivi des conclusions du Forum de Dakar a été mis sur pied en rapport avec le président de la Banque mondiale. Il comprend les membres suivants: - le chef d'Etat du Sénégal, représentant l'Afrique de l'Ouest, - le chef d'Etat du Gabon, représentant l'Afrique Centrale, - le chef d'Etat de l'Ouganda, représentant l'Afrique de l'Est, - le chef d'Etat de l'Afrique du Sud, représentant l'Afrique Australe.
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