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Forum économique de DakarLA GRANDE EXPLICATION AVEC LA BANQUE MONDIALELe forum économique de Dakar qui a réuni samedi et dimanche derniers au Meridien Président, dix-sept chefs d'Etat d'Afrique occidentale, centrale et de Madagascar autour de M. James D. Wolfenson, président de la Banque mondiale, a abouti à la mise sur pied d'un comité de suivi que présidera M. Abdou Diouf. Les débats informels ont porté sur des questions qui concernent tous à la fois la vision du devenir du continent, la mondialisation et l'intégration, la gestion des ressources naturelles et le renforcement des capacités Un face à face qui a permis à chacun de tisser les maillons d'un nouveau partenariat. "J'ai dit aux présidents qu'il y a maintenant un grand changement dans notre démarche et c'est avec ceux qui gèrent les Etats au quotidien que je veux discuter et établir un vrai partenariat". L'homme qui parle ainsi n'est autre que James D. Wolfenson, président de la Banque mondiale. Au sortir du forum économique de Dakar qui avait réuni autour de lui dix-sept Chefs d'Etat d'Afrique occidentale, centrale et de Madagascar au Méridien président, les samedi et dimanche derniers, il n'était plus gagné par le doute mais plutôt comblé d'aise. Ce sommet à l'en croire a tenu toutes ses promesses. La Banque mondiale voulait regarder l'Afrique les yeux dans les yeux, elle a trouvé des interlocuteurs déjà passés maîtres dans l'art du "parler vrai". "On m'a beaucoup critiqué, on m'a reproché d'être agressif, d'arriver en Afrique avec les plans des experts de Washington qui ne tiennent pas assez compte des points de vue des Africains", a reconnu M. Wolfenson à la conférence de presse qu'il co-animait avec le Chef d'Etat hôte S.E.M. Abdou Diouf. Qui de son côté va tempérer les propos du premier: "Je tiens à préciser que les Chefs d'Etat sont partagés dans les critiques vis-à-vis de la Banque mondiale. S'il y a des Chefs d'Etat qui ont critiqué la Banque mondiale d'autres n'ont pas manqué de saluer son action". "D'ailleurs, poursuit-il, ceux qui ont critiqué la Banque mondiale n'ont pas attaqué la gestion de Wolfenson. Tout le monde a reconnu l'action positive du président Wolfenson à la tête de la Banque mondiale. Depuis son arrivée, les choses ont changé. Et puis d'une façon générale, les Chefs d'Etat ont été très impressionnés par les réponses données par le président Wolfenson". Pourquoi ne pas le dire: il y a un style Wolfenson qui vise à redonner l'espoir à l'Afrique. "Mon message est simple: cessons d'avoir des idées toutes faites les uns sur les autres. Tournons-nous vers l'avenir", répète-t-il souvent. Le sommet de Dakar qui fait suite à celui de Kampala (janvier 1998) participe de cette démarche là: se mettre à l'écoute du continent. Et pour cause: "Ce qui est important dans la réunion de Dakar c'est qu'il y a eu une discussion franche, ce qui a permis de jeter les bases d'un véritable partenariat", a affirmé le président de la Banque mondiale. En effet, la Banque mondiale est résolue à changer de mode d'intervention. Elle entend donc discuter avec chaque pays d'un programme stratégique pour les dix prochaines années. Les questions d'éducation, de santé et de justice seront au centre de ces différents programmes. Pour la Banque mondiale, il s'agit de répondre aux fortes attentes exprimées par les Chefs d'Etat africains comme l'intégration, la gestion des ressources naturelles, le renforcement des capacités humaines. Justement M. Wolfenson a souligné qu'il a retenu de la part de ces interlocuteurs que ce dernier point devrait être une priorité pour toute l'Afrique. "J'ai trouvé aussi un optimisme, un sens de la justice sociale et un intérêt particulier pour les pauvres, avec la moitié de la population du continent vivant avec moins d'un dollar par jour. Personnellement je suis persuadé que vous avez une équipe qui s'occupe des vrais problèmes de vos pays et j'en suis énormément frappé", a-t-il comment . Dakar peut-il être l'amorce d'une prise de conscience collective au niveau de nos Chefs d'Etat? A suivre le président Abdou Diouf il ne peut en être autrement: "Nous envisageons le développement de l'Afrique comme continent, il ne s'agit pas pour chacun de nos Etats de faire une aventure individuelle. Cela ne sert à rien que certains d'entre nous aient de la prospérité alors que d'autres sont dans la misère", a-t-il soutenu. En marge du Sommet de Dakar, un collectif d'ONG avait demandé à la Banque mondiale de lier son assistance au respect des Droits de l'Homme et à la bonne gouvernance. Réponse de M. Wolfenson: "La réunion n'a pas ouvertement discuté de la question des droits de l'homme en particulier, mais tous les Chefs d'Etat présents à Dakar sont bien conscients de l'importance de cette question dans les actions de la Banque mondiale".
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