sports


economie
politique







En développement





REGARD SUR L'OUGANDA



"DEMOCRATIE SANS PARTIS"



L'Ouganda, connu comme un pays à "démocratie sans partis", est dirigé depuis 1986 par le président Yoweri Museveni. Un homme qui a réussi à imposer la stabilité dans un pays qui, dans un passé récent, a connu plusieurs changements à la tête de l'Etat. Une stabilité accompagnée de transformations profondes qui en font aujourd'hui aux yeux des Américains, un exemple de pays à suivre.


Si l'on s'est interrogé - et on continue de s'interroger - sur le choix de l'Ouganda par Bill Clinton pour sa récente visite historique en Afrique, c'était pour les raisons invoquées: les pays qui font des efforts en faveur à la fois de la démocratie et de la libéralisation économique. Certes, sur le plan économique, l'Ouganda de Yoweri Museveni a fait bien des efforts, instaurant un système certes un peu hybride avec quelques "recettes socialistes", mais satisfaisant largement les critères des institutions de Bretton Woods: diminution du nombre des fonctionnaires et agents dépendant de l'administration, privatisation des entreprises publiques, politique en faveur des investisseurs privés, etc, le tout présentant l'Ouganda comme un "petit Dragon d'Afrique" avec un taux de croissance de 6%.

Mais, sur le plan politique, le pays est loin de satisfaire les exigences des institutions de Bretton Woods, notamment des Etats-Unis qui mettent l'accent autant sur le libéralisme économique que sur la démocratisation. Or, le pays de Yoweri Museveni a interdit les partis politiques et, dans la foulée, les libertés d'association. Mieux ou pire, il a élaboré une constitution qui réinstaure le monopartisme, puisque seul a droit de cité son Mouvement de résistance nationale (NRM) cens représenter" toutes les tendances politiques du pays". On parle alors du "Mouvementisme" (le "No party system") préféré au "partisme", arguant que l'expérience du multipartisme avait ensanglanté le pays des décennies durant et que les Ougandais n'étaient pas mûrs pour la "démocratie pluraliste".

Il semble que l'efficacité du système, sur le plan économique du moins, a dissuadé les bailleurs de fonds et les grandes puissances, d'ordinaires prompts à critiquer les régimes non démocratiques à l'occidentale, à vouer aux gémonies le pouvoir de Yoweri Museveni. Encore que dans cette affaire, la position américaine ait été déterminante. En effet, après s'être méfiés de cet ancien guérillero pour ses tendances marxisantes et gauchissantes, les Américains ont vite changé leur fusil d'épaule, considérant désormais le tombeur de Milton Oboté comme "un allié sûr" notamment dans le combat contre l'islamisme soudanais.

DEUX POIDS DEUX MESURES


Mais pour en revenir au multipartisme, disons qu'il n'est pas juste d'affirmer que ce système est à jamais aboli en Ouganda. La constitution de 1995 le suspend plutôt: il est prévu sa réinstauration en l'an 2.000 après un référendum en 1999. Le hic, c'est qu'un tel délai fixé par les nouvelles autorités de Kinshasa - 2 ans - a soulevé des tollés notamment en Occident où l'on parle de la confiscation des libertés et de la dictature de Laurent Désiré Kabila. Alors, deux poids deux mesures?

De fait, après les tendances "pro-multipartistes" des années 89-90, il semble que la tendance actuelle soit à "la démocratisation aux couleurs de chaque pays". Le président Bill Clinton a ainsi déclaré, au terme de son périple africain, qu'il n'y a pas une seule forme de démocratie. Alors, peut-on concevoir une démocratie sans partie? On donnerait alors raison à ces pays dont la Côte d'Ivoire, qui avaient expérimenté, dans les années 80, une forme de démocratie au sein des partis uniques. En Côte d'Ivoire, on avait parlé de "démocratie à l'ivoirienne". Mais on connaît les réactions à ce sujet: on avait parlé de "parodie de démocratie", arguant que la démocratie est universelle et qu'il ne saurait y avoir une "démocratie à l'africaine" ou une "démocratie à l'Ivoirienne". Or, il s'élève de plus en plus des voix pour soutenir que si la démocratie est universelle, il y a des formes d'adaptation dans chaque pays, et
que le succès de la démocratie en Afrique dépend de la capacité des Africains à l'incruster dans les systèmes politiques africains. C'est l'une des thèses d fendues par Jean-Noël Loucou dans son ouvrage "Le multipartisme en Côte d'Ivoire".

LE CREUSET DE TOUTES

LES TENDANCES



En tout cas, la démocratie ougandaise, sans s'appuyer sur la tradition, se veut originale: une démocratie sans partis. Mais avec un "mouvement politique" se voulant le creuset de toutes les tendances politiques comme au temps des partis uniques. Associant les diverses tendances politiques du pays, elle se fait gérer par un gouvernement d'union nationale. Pour les défenseurs de ce système, c'est "le meilleur système démocratique", parce qu'il assure mieux "la promotion des hommes", en évitant "les effets destructeurs du tribalisme et des fractures religieuses". Le système de "non-parti" serait seul à même de "satisfaire le d sir profond de paix des citoyens, fatigués de ces partis qui n'ont réussi qu'à diviser le pays par ethnies ou par religions et à mener le pays à la ruine", expliquent-ils.

N'empêche, les adversaires voient dans ce système prétendu sans partis, une façon pour les responsables du NRM d'engager l'Ouganda sur le chemin du retour au monopartisme. C'est l'un des
arguments développés par Paul Ssemogerere qui a été l'un des candidats à la présidentielle de 1996, pour justifier sa démission de son poste de Vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, arguant que le président Museveni veut "utiliser la constitution pour rétablir le parti d'Etat unique en Ougada". On peut se demander si le principal rival du président ougandais n'exprime pas une certaine vérité, surtout lorsqu'on entend parler les autorités ougandaises qui expriment leur préférence au système de non-parti qu'elles couvrent d'éloges. Une telle attitude n'augure pas d'un retour au multipartisme. Du moins avant longtemps. Mais attendons pour voir: l'an 2000, c'est demain! Nous verrons si les anciens guerilleros tiendront leur promesse ou feront volte-face.


Directeur Général:
Michel KOUAME

Siège Social - Administration
Rédaction - Abonnements

Boulevard du Général De Gaulle
01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI
Tél.: (225) 37 06 66
Télex: 24 115 Abidjan
Télécopie: (225) 37 25 45
E-Mail:[email protected]
Dépôt légal éditeur: n� 2 184
du 18 mai 1987

Diffusion
EDIPRESSE
09 BP 254 Abijan 09
Tél.: (225) 37 17 27 - 37 18 60
Télex: 24 118 DIPRES

Impression
Société d'Imprimerie
Ivoirienne (S.I.I.)
01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI
Té1.: (225) 37 06 66 - Télex: 24 115 Abidjan

Publicité Côte d'Ivoire
01 BP 1807 Abidjan 01 - RCI
Tél.: (225) 37 04 66 - 37 06 66

Publicité étrangère
78, Avenue Raymond Pointcaré 75116 Paris
Tél.: (331) 45 01 54 55
Fax: (331) 45 01 64 02


Copyright ©1997 Groupe FraternitéMatin.Tous droits réservés.
Africa Online décline toute responsabilité quant au contenu diffusé sur ces pages, propriété de S.N.P.E.C.I (Société Nouvelle de Presse et d'Édition de Côte d'Ivoire).

Remarques et questions à Africa Online : [email protected]