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Moralisation de la société



UNE QUETE DE L'EXCELLENCE



De nombreux faits récents, dont l'extradition de Roger Nasra, le ca de détournement de fonds au Haut-commissariat au Tourisme, de même que l'intervention des députés le 12 juin dernier lors du déjeuner que leur offrait le Chef de l'Etat, ont remis à l'ordre du jour l'épineux problème de la moralisation de la vie publique.

Une réalité qu'il faille prendre avec tout le sérieux que cela requiert au moment où les exigences de la bonne gouvernance commandent que les gouvernements soient plus regardants sur la gestion et la marche des affaires de l'Etat. Tout en sachant que ces gouvernements sont, eux-mêmes, soumis au regard pointilleux et critique des bailleurs de fonds dont le FMI et la Banque mondiale.

C'est dire combien le problème de la moralisation de la vie publique demeure une impérieuse nécessité qui interpelle tous autant que nous sommes. Pour notre part, nous ouvrons, à nouveau, notre lucarne sur la marche de la société en dépit de tous les appels à la moralisation.

La nécessité de la morale s'impose là où une affaire de m urs, une crise de valeurs existe. La morale n'étant pas seulement une éthique religieuse mais bien plus un code de conduite, de bonne conduite afin que la vie en société soit agréable à tous et à chacun. Les simples difficultés de parcours se traitent avec des remèdes de circonstance tandis que les situations de crise nécessitent que l'on repense les fondements mêmes de l'édifice social, et qu'à partir de là on le reconstruise. Une crise, au sens d'un blocage global de la marche d'une société, est autre chose qu'une simple grippe.

On résumera en empruntant à Jean-Paul N'Goupande dans Racines historiques et culturelles de la crise africaine, P.10: "qu'il y a crise d'une société donnée, d'une communauté donnée, lorsque celle-ci en arrive à une situation de blocage dans tous ses compartiments: économie, politique, morale et relations sociales, etc.. La surdétermination de ces facteurs, c'est-à-dire leur acuité et leur action réciproque les unes sur les autres, conduit au sentiment diffusé partagé d'abord par es
membres de ladite communauté, que rien ne va... des communautés qui vivent des situations de blocage généralisé peuvent régresser irrémédiablement ou, au contraire, accomplir le saut qualificatif susceptible de modifier en profondeur leur configuration".

Les députés en diagnostiquant les rapports conflictuels entre nos communautés ethniques nés des conflits fonciers suite à la colonisation effrénée des terres cultivables puis la corruption comme le chancre de l'économie ivoirienne veulent prévenir cette situation de blocage généralisé qui se profile à l'horizon. La moralisation de la société ivoirienne interpelle non seulement l'Etat et l'exécutif mais tout un chacun des Ivoiriens. Le Président BEDIE dès sa prise de pouvoir en décembre 93, avait annoncé les couleurs avec d'abord l'Education nationale où pour réagir aux fraudes massives pendant les examens et concours avait changé le directeur des examens et concours puis ensuite avec la Sotra. Ce qui était apparu comme de simples difficultés de parcours et qui avait été traité avec des remèdes de circonstance, s'est révélé une véritable gangrène. Et le Président appréciant bien la taille du phénomène avait décidé dans son message à la Nation le 31 décembre 97 de livrer une bataille résolue à la corruption, cancer de notre société. Les inspecteurs d'Etat et les audits initiés par lui dans les différents ministères ont révélé l'affaire Nasra et de l'OITH.
L'affaire Nasra est entre les mains de la justice qui suit son cours et le chef du cabinet du Haut commissariat au Tourisme séjourne depuis quelques mois à la Maca. Cela est de bon augure. Mais il faut bien plus. La moralisation de la société est un processus, elle est une quête de l'excellence. Il faut donc refonder la société ivoirienne et en premier ses grandes valeurs: Union Discipline Travail.

LES JEUNES ET LE CONTEXTE HISTORIQUE

Faut-il s'étonner qu'une génération pour qui les mythes unificateurs qui finalisent la culture se transforment ou se dissolvent paraissent souffrir de ne pas avoir connu quelque grand événement susceptible de lui donner un sens et lui servir d'étoile? Dès lors qu'un grand nombre de mythes et de rêves qui autrefois donnaient un sens, une finalité à la vie n'ont plus beaucoup d'existence pour l'homme moderne et laïc, notre culture tombe dans le piège du concret. Est-il normal de reprocher aux jeunes d'être matérialistes et avides à un moment de l'histoire où la culture dans laquelle ils baignent a peu de chose à leur proposer, hormis l'argent et une belle situation, symboles d'autorité, d'affirmation de soi, de réussite sociale et d'appartenance. N'a-t-on pas appris implicitement ou explicitement à certains de nos jeunes les plus talentueux à d'abord définir la réussite par des diplômes universitaires, puis à tout simplement substituer aux diplômes leur contrepartie en dollar, les symboles creux venant s'ajouter aux formules creuses?

Toutes ces questions que se posaient Thomas Piper, Mary Gentile et Sharon Daloz Parks face à la dérive de la société et la jeunesse américaine, dans leur ouvrage commun, enseigner l'éthique, restent totalement d'actualité pour la Côte d'Ivoire et sa jeunesse. L'on est aujourd'hui à crier haro sur la corruption économique parce qu'en amont il y a eu la corruption des m urs. L'argent et une belle situation ont été depuis toujours érigés en symboles, principes d'autorité, d'affirmation de soi, de réussite sociale et d'appartenance.

A la télévision dans l'émission "Paroles fortes" M. Gnakabi poussait déjà ce cri de c ur qui sanctionnait la dérive de la société et de la jeunesse ivoirienne. L'isolement par classe selon des critères économiques fait qu'aujourd'hui beaucoup d'entre nous, tout comme les jeunes, ne connaissent guère, par expérience directe, ceux qui appartiennent à des strates et cultures différentes de la leur, où d'ailleurs qu'ils se situent sur l'échelle économique. Cet isolement culturel assigne ses limites à la compassion, à la capacité de voir souffrir par les yeux d'un autre.

Le souci de devenir quelqu'un et très rapidement fait que l'on franchit très vite le rubicond. Le mythe de la création dans la Bible qui recommandait que l'Homme et la Femme se multiplient et qu'ils transforment la terre a cédé le pas à des mariages contre nature, qui montent en recrudescence. Alors question, à quel mythe les jeunes doivent-ils forger leur conscience?

COMME SISYPHE ET ICARE

La moralisation de la société est un combat de tout instant que nous devons mener. Et ce combat requiert de nous la perpétuelle ascendance de Sisyphe, roulant la pierre jusqu'au sommet de la colline, sa [persévérance. Mais aussi la prise d'initiative que nous enseigne Icare, ce gros oiseau de la mythologie grecque. Deux conditions indispensables pour donner un sens à l'excellence et à la journée nationale de l'excellence. L'excellence avec laquelle nous condamne à vivre notre étandard: Union, discipline travail. Avec le goût de l'effort et le talent récompensé, la répartition des biens de la société étant faite sur la base du mérite tout comme l'affectation des responsabilités, ce sera déjà autant de symboles vivants de la moralisation de la société. Avec tous les citoyens égaux devant la justice, ce sera un signal fort en direction de la jeunesse qui a besoin d'exemples, d'événements marquants pour être ce citoyen ivoirien nouveau que veut former le Président Henri KONAN BEDIE en revalorisant le civisme.

FRANCK A. ZAGBAYOU

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