En développement
Forum économique de Dakar
REDONNER L'ESPOIR À L'AFRIQUE
Y a-t-il un sens du sens? Ouvert hier à l'hôtel méridien, le forum économique de Dakar qui a réuni une quinzaine de Chefs d'Etat d'Afrique occidentale et centrale (auxquels se sont joints l'Afrique du Sud représenté par son vice-président, Madagascar et les Comores) autour du président de la Banque mondiale, M. James D. Wolfenson; est perçu par les observateurs comme une "étape critique" dans la longue marche de l'Afrique vers la modernité. Ce forum, en effet, veut redonner à l'Afrique, considérée comme un "continent internationalement déclassé" selon l'expression de Zaki Laidi, un nouveau projet: l'aider à mieux négocier le tournant historique de la mondialisation alors qu'elle ne représente que 3% du commerce mondial.
Pour la Banque mondiale précisement, il s'agit de se mettre à "l'heure de l'Afrique" comme n'a de cesse de le recommander son président. Qui déjà en avait donné le ton dans son discours de Kampala en janvier dernier au cours d'un sommet similaire avec douze Chefs d'Etat africains. Et l'a répété devant la commission économique des Nations Unies pour l'Afrique: "Le temps d'un renouveau est venu. Il est temps de cesser de ruminer les erreurs du passé. Il est temps de cesser de tirer gloire des succès passés, le moment est venu de se tourner vers l'avenir, l'avenir de l'Afrique", avait-il affirmé.
[A Dakar tout comme à Kampala, les Chefs d'Etat africains et la Banque mondiale se sont inventés un style: des échanges directs à huis-clos dans un cadre informel. Un exercice soutenu pour un même questionnement: "Quels sont les problèmes auxquels est confrontée l'Afrique? Que pouvons-nous faire ensemble"Là-bas comme ici, les Chefs d'Etat ont identifié les "chaînes qui emprisonnent l'Afrique" (archevêque de Canterbury). Et les maillons de ces longues chaînes du sous-développement ont pour noms: les niveaux inadéquats de développement humain tels qu'ils ressortent en particulier des indicateurs d'éducation et de santé, l'insuffisance de l'infrastructure physique et sociale, des priorités inadaptées aux impératifs du développement, la bureaucratie et l'incompétence, la faible capacité de valeur ajoutée et des termes de l'échange défavorable, l'exiguïté et la fragmentation des marchés, le sous-développement du secteur agricole-dominé par les cultures de subsistance, l'accès limité aux marchés occidentaux, le surendettement, l'insuffisance de l'épargne et le manque d'esprit d'entreprise. Et ce n'est pas tout!
Il y a également les carences au niveau de la recherche et de l'application des technologies et l'absence d'un partenariat efficace entre les dirigeants africains et leurs bailleurs de fonds...
La Banque mondiale à l'heure de l'Afrique? Le message de Dakar nous invite à "penser contre nous-mêmes". Au moment même où de nombreux pays africains réalisent des taux de croissance supérieur à 4% c'est-à-dire au-dessus de leurs taux de croissance démographique. Une façon sans doute pour les institutions de Bretton Woods de faire taire définitivement ceux qui hier encore voulaient brûler les PAS (programmes d'ajustement structurel).
HONORAT DE YEDAGNE
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