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Editorial



REVER LE JOURNALISME



Trois cent cinquante six journalistes ont mérité cette année de détenir une carte d'identité professionnelle. Par rapport à la fournée 1997, un plus grand nombre de postulants ont été satisfaits. Cependant, comme l'autre fois, il faut s'attendre à de nombreux grincements de dents. Car, si le journalisme apparaît depuis plusieurs années comme un métier attirant pour de très nombreux jeunes gens sortant des universités, les opportunités qui s'offrent à eux sont des plus limitées, et la pratique du métier soumise à de nombreux aléas. Depuis 1990, en effet, des journaux sont nés comme champignons après la pluie pour disparaître peu de temps après. Cet état de fait s'explique par plusieurs facteurs dont l'amateurisme des fondateurs de journaux n'est pas le moindre.

L'on se souvient encore de l'intrusion d'hommes d'affaires dans la profession, qui croyaient ce nouveau créneau particulièrement porteur. Tous, sans exception, ont déchanté peu après, non sans y avoir laissé quelques millions. Quelques-uns parmi eux croyaient pouvoir mieux organiser le routage des journaux et s'attendaient à faire fortune. Par la suite, ils ont compris, qu'en la matière, il fallait détenir une expertise peu répandue, même à travers le monde.

On retiendra que l'effervescence des premières années du "printemps de la presse" a fait place aujourd'hui à une stabilisation du mouvement de création de journaux. De la sélection naturelle qui s'en est ainsi suivie, quelques titres se sont plus ou moins imposés au sein desquels, bien souvent, les journalistes ne le sont que de nom. Quoi de plus normal quand on sait que leurs employeurs, sans exception, utilisés comme des instruments de propagande politique, sont loin d'être les animateurs de journaux indépendants que certains d'entre eux auraient pu devenir. Pris entre ce noble idéal, qui leur aurait conféré une réelle respectabilité, et leur volonté de jouer leur partition politique, ils tombent, toujours, du côté où ils penchent le plus. Tant et si bien que, davantage que les politiciens, ce sont eux qui s'assignent la mission d'engager le plus souvent les débats avec les adversaires des tendances qu'ils soutiennent. Ils considèrent que tous les coups sont permis; et la désinformation est l'arme de prédilection de ces journalistes, certaines fois par ignorance des règles du métier, le plus souvent dans le seul but de nuire pour marquer des points politiques au bénéfice de leur chapelle.

Ces dernières semaines, certains écrits ont essentiellement été marqués par la mauvaise foi, ignorant la vérité des faits qui s'imposent à tous. Si l'on ne reconnaît pas que la Côte d'Ivoire se porte mieux depuis 1994 et si, pour des raisons partisanes, l'on refuse de soutenir ce qui se fait sur toute l'étendue du territoire dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, peut-on prétendre être objectif? Si l'on s'en tient à ce qui se fait dans la seule région natale du chef de l'Etat pour occulter ce qui se fait sur toute l'étendue du territoire au bénéfice de la majorité, est-on crédible? Si, volontairement, l'on tait le boom immobilier que produit dans de nombreux quartiers d'Abidjan et dans des localités de l'Ouest, du Nord, du Centre, du Sud ou de l'Est, le fonds d'aide à l'habitat, disponible pour tout citoyen ivoirien qui en remplit les conditions, est-on de bonne foi? Si, au lieu d'aller vers les sources qui, elles, ne demandent qu'à donner l'information juste, l'on se contente de rapporter des ragots et des rumeurs, est-on un journaliste qui mérite cette appellation? Si, pour nuire à l'image du chef de l'Etat, l'on fait volontairement des amalgames en mêlant sa famille à des affaires qui ne la concernent ni de près ni de loin, ne fait-on pas de la désinformation? Qu'il s'agisse de quelque société nouvelle de pompes funèbres ou du rachat de quelque entreprise d'Etat que ce soit, les structures existent, prêtes à fournir aux journalistes de tous bords les informations complètes dont ils ont besoin. Pourquoi alors laisser libre cours à son imagination pour inventer des "faits", peut-être vraisemblables, mais archi-faux, si ce n'est pour tromper une opinion publique, parfois on ne peut plus crédule?

Pourquoi mes confrères refusent-ils la démarche professionnelle du journaliste qui consiste à procéder à des enquêtes rigoureuses, des collectes sérieuses d'informations et à leur recoupement avant la publication d'un article, plutôt que de se faire les porte-voix et les amplificateurs des "on dit" ou des "il paraît"?

Des journalistes-sofas, des maîtres-chanteurs, des agents de la désinformation... se cachent sous l'immaculé manteau de journaliste et ne donnent pas, pour l'instant, à la profession, l'image qu'elle devrait avoir dans cette Côte d'Ivoire qui célèbre admirablement l'excellence dans de très nombreux secteurs.

La presse, elle, traîne encore le pas et ne correspond pas au niveau réel d'évolution du pays.

Pourtant, formés dans les instituts et les écoles de journalisme d'ailleurs et d'ici, les journalistes ivoiriens sont parmi l'élite du continent; à l'image de notre jeune et talentueux confrère, Diaby Mamadou, de radio Côte d'Ivoire, que la mort vient d'arracher à notre affection.

Regrettable est la tendance à tout noircir, qui leur fait perdre de vue les progrès que le pays a réalisé ces dernières années.

Ceux qui aiment ce métier et le pratiquent sérieusement, ceux qui achètent chaque jour un journal ne peuvent que rêver: rêver que d'ici la prochaine distribution de cartes d'identité de journalistes, les 356 titulaires actuels rendent la profession plus mature. Est-ce vraiment irréaliste de rêver pour notre pays, un journalisme responsable et qui soutient ce qui se fait de bien? Jamais nul ne lui niera le droit de faire des critiques. Surtout, si elles sont constructives, et participatives.

MICHEL KOUAME

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