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EDITO
LA PART DE DIOUF
UNE autre fête pour la paix à laquelle la Côte d'Ivoire ne pouvait se dérober: c'est ce dont il s'agissait hier à Dakar où, venus de leurs très lointaines Philippines, le président sortant, Fidel Ramos, et l'ancien chef de la guérilla, Nur Misuari, ont reçu "le Prix Félix Houphouet-Boigny pour la Recherche de la Paix". Ces deux hommes, qui ont signé le 2 septembre 1996 un accord de paix mettant ainsi fin à près de 30 ans de rébellion, partagent incontestablement la même passion pour la paix que tous les précédents lauréats.
En effet, comme Nelson Mandela et Frederik De Klerk, comme Yasser Arafat, Itzhak Rabin et Shimon Peres;ou encore comme le président Alvaro Arzu et le commandant Rolando Moran, les deux lauréats, qui ont reçu leur prix à Dakar, ont été guidés par un même souci de faire taire les armes pour éloigner définitivement le spectre de la guerre. Si dans le cas du Moyen-Orient, les "artisans de la paix" n'ont pas encore eu la joie de voir Israël et la Palestine sortir du cycle infernal de la violence, la plupart des bénéficiaires du prix ont certainement le net et légitime sentiment d'avoir "été payés" pour leur apport à la réconciliation entre les peuples ou entre les Etats.
ET la cérémonie d'hier à Dakar n'a pas manqué de susciter d'intenses émotions à certains moments. L'image était particulièrement saisissante, lorsque le Président Ramos et Nu Misuari se sont jetés l'un dans les bras de l'autre, pour célébrer, une fois de plus, la fin de la guerre aux Philippines. C'est à la volonté du président Ramos, à son intelligence et à son exceptionnelle ouverture d'esprit que ce pays du sud-est asiatique doit d'avoir enfin la paix, après qu'il eut permis à l'Ile de Mindanao, du fait de spécificités diverses, d'accéder à une autonomie politique.
Le cas est rare et mérite d'être relevé, avec Nu Misuari, hier chef de rébellion, devenu aujourd'hui gouverneur du territoire susmentionné, par la volonté du président Fidel Ramos.
Hier à Dakar, un autre moment d'émotion fut l'hommage rendu au président Abdou Diouf, désigné par le Président Houphouet-Boigny
en 1991, comme parrain du prix qui porte son nom. Six ans après la disparition du Sage de Yamoussoukro et 8 ans après le lancement du prix, force est de constater qu'il gagne en crédibilité et en notoriété, au fil des attributions. "Sans le Président Diouf, le prix n'aurait pas connu un tel succès. C'est le parrain idéal souhaité par le Président Houphouet-Boigny", a souligné avec force le chef de l'Etat ivoirien. Ce point de vue est abondamment partagé aussi bien par le Secrétaire du prix, Alioune Traoré, que par M. Federico Mayor, directeur général de l'UNESCO, qui en fut l'initiateur et à qui notre continent doit d'avoir été honoré de cette manière, "à travers l'un de ses plus brillants fils", immortalisé de la plus belle manière. Sans nier son apport personnel, le Président
Diouf fait preuve d'une remarquable humilité et répond à son homologue ivoirien que, sans lui, il lui aurait été difficile de réussir, et de souligner que le Président BEDIE non seulement a respecté toutes les volontés de son illustre prédécesseur, mais l'a fait avec, à la fois, une remarquable fidélité à la mémoire de ce génie politique et une constance dans la poursuite de son immense uvre de paix, tant à l'intérieur de l'Afrique, qu'au-delà du continent.
NCONTESTABLEMENT, chaque cérémonie de remise du prix qui porte son nom est l'occasion de célébrer sa mémoire. Que la cérémonie se soit déroulée au Sénégal, ce pays qu'il "considérait comme sa deuxième patrie", est une preuve de la dimension d'homme d'exception qui fut celle du Président Houphouet-Boigny.
Parlant de lui, le Chef de l'Etat sénégalais n'avait-il pas dit: [F4"le Président Houphouet-Boigny n'appartient pas qu'à la Côte d'Ivoire. Il appartient à l'Afrique et même au monde" Ce que les faits confirment, 6 ans après sa mort. Le prix n'en est qu'une brillante illustration.
MICHEL KOUAME
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Michel KOUAME
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