BI-HEBDOMADAIRE DU PDCI-RDA
Jeudi 24 et Vendredi 25 Décembre 1998
MAURICE KAKOU GUIKAHUÉ (Délégué Départemental de Gagnoa)
"NOUS DEVONS CRÉER UN FORT GOUVERNEMENT POLITIQUE"
Le grand département de Gagnoa est la seule où le PDCI-RDA, le plus puissant parti
politique de Côte d'Ivoire n'a pu remporté le moindre poste électoral. La délégation
départementale du PDCI-RDA dans cette localité dirigée par le Ministre Maurice Kakou
Guikahué a la redoutable tâche de reconquérir le terrain perdu. Tout le terrain perdu.
Il nous fait ici un bref bilan des actions déjà entreprises sur le terrain et surtout
expose ce qu'il attend des Secrétaires de section, ses collaborateurs.
Quel bilan tirez-vous de l'opération de renouvellement des structures de base du PDCI-RDA
à Gagnoa ?
- Il convient de dire d'abord que le renouvellement des structures de bases du PDCI-RDA
à Gagnoa répondait à un objectif fondamental : aux élections générales de 95 - 96,
le PDCI n'a remporté aucun poste à Gagnoa. Aussi, il fallait reprendre les structures de base pour aboutir à un meilleur résultat.
C'est ainsi que nous avons fait en sorte que la section soit géographiquement située
au niveau du canton ou de la tribu.
Aujourd'hui, la carte politique du PDCI à Gagnoa se présente comme suit : 25 sections
et 716 comités de base. Au niveau de l'opération elle-même, les choses se sont déroulées
de façon correcte d'autant plus que nous avons pu faire jouer le jeu démocratique. Chacun se présentait librement et nous avons demandé aux militants de base de choisir,
les personnes à même de la diriger dans un objectif de reconquête. Donc les 716 comités
de base et les 25 sections ont été pourvus de façon démocratique. Pour les 25 sections, nous avons reçu 52 candidatures.
Il y avait donc beaucoup de sections à candidatures multiples. Je puis donc dire qu'il
y a eu une satisfaction réelle d'autant plus qu'il n'y a pas eu d'incident majeur
à déplorer. Bien sûr, il y a peut-être eu quelques récriminations, quelques réclamations mais cela est inhérent à toute élection.
Vous avez entrepris un certain nombre d'actions pour vous donnez les moyens de reconquérir
le terrain. A ce jour, quel bilan en tirez-vous ?
- Dès notre nomination, nous avons effectué une tournée dans tout le département.
Nous pensons que cette première a eu un impact positif d'autant plus que les gens
qui avaient la peur au ventre auparavant s'expriment aujourd'hui.
Nous poursuivons un double objectif :
- faire entendre la voix du PDCI. Il n'était pas normal que nous soyons dans une zone
où il n'y a qu'une parole unique.
On voulait un message pluriel. Aujourd'hui, les uns et les autres font passer ce message.
Régulièrement les cadres du PDCI vont dans les villages pour faire passer le message
du Président Bédié et du PDCI.
- nous voulions que les gens vivent leur militantisme à visage découvert. Aujourd'hui
quand vous vous promenez à Gagnoa dans les villages, il y a des gens qui arborent
des tee-shirts à l'effigie du Président Bédié ou du PDCI-RDA. Ce qui n'était pas
possible il y a trois ans.
Je pense donc que ces objectifs sont aujourd'hui atteints. Non pas qu'il y ait nécessairement
plus de militants du PDCI que des autres partis politiques, mais aujourd'hui, les
militants du PDCI vivent ouvertement leur militantisme. C'est une base importante sinon vous ne pouvez rien faire.
Je pense donc qu'aujourd'hui, cet environnement plus le renouvellement des sections,
les bases sont posées pour que nous puissions aller de l'avant.
Cette vision de la question est-elle intégrée par tous ?
- Nous venons de tenir une séance de travail et je pense, à la lumière des déclarations
des uns et des autres, on peut dire qu'ils ont intégré le message qui est celui du
contrat avec les militants de base.
Il faut que les Secrétaires de section passent eux-mêmes dans les villages. Par le
passé et ce n'est pas seulement à Gagnoa, les Secrétaires de section avaient eux-mêmes
nommé des permanents dans leur section et souvent, ce sont ces permanents qui passaient dans les villages.
Le permanent est peut-être bon pour aller donner un message précis, ponctuel, mais
ne peut véritablement faire de la sensibilisation parce qu'il suffit d'une réplique
ou d'une question des militants de la base pour qu'il se trouve désarmé. C'est la
raison pour laquelle j'ai exhorté les Secrétaires de section à aller eux-mêmes sur le terrain.
A visiter au moins deux fois chaque village dans l'année. De sorte que les militants
de base puissent leur présenter leurs problèmes.
Pour donner l'exemple, personnellement depuis ma nomination en Avril 1997, jusqu'à
ce jour, j'ai fait déjà deux tournées dans tout le département et nous allons prochainement
faire la 3è tournée.
Vous posez là indirectement- le problème des Secrétaires de section non résidents.
Ne pensez-vous pas que pour plus d'efficacité ces responsables résident au niveau
de leur base ?
- Il est souhaitable que dans la mesure du possible le Secrétaire de section soit
résident. A Gagnoa ville, cette condition est remplie. Tous les Secrétaires de section
sont résidents.
Dans le reste du département, ce n'est peut être pas le cas mais si la nécessité de
la résidence est indéniable; il faut également que sur le terrain, le Secrétaire
ait le niveau requis parce que notre zone est très politisée, l'opposition y est
vivante donc il faut trouver des gens capables de soutenir un débat contradictoire. Nous n'avons
donc pas été très rigoureux sur le critère de la résidence.
Nous avons demandé aux militants de choisir le Secrétaire capable de les encadrer
et de le représenter. En tout état de cause, nous avons très peu de Secrétaires non
résidents. Sur les 25, ils sont au maximum 7.
Les jeunes de Gagnoa soutiennent qu'ils ne sont pas associés aux activités de la
délégation. Qu'en est-il ?
- Ils le sont pourtant ! D'autant plus que les Présidents de la JPDCI de la commune
et de la sous-préfecture sont membres de la délégation. Donc ils sont associés...
Et les jeunes qui ne sont pas dans les structures spécialisées et qui forment quand
même la majorité des électeurs. Ne sont-ils pas concernés ?
- Tout le monde est pris en compte dans la délégation mais c'est dans le bureau de
la délégation que nous avons les deux présidents des jeunes. Il est entendu que dans
l'organisation du parti actuellement tous les jeunes militent dans leur section de
base. C'est en ce sens que je dis que tout le monde est pris en compte par la délégation.
Par ailleurs, ils ont des activités particulières, nous les aidons mais nous les faisons
encadrer par les Secrétaires de section conformément à ce qui a été décidé par le
10è Congrès du parti.
Les problèmes de personne, semble-t-il, sont encore persistants à Gagnoa alors que
les élections générales approchent à grands pas. Qu'en est-il exactement ?
- Il y a des problèmes partout. Ce n'est donc pas une spécificité de Gagnoa. Vous
savez bien que l'ambition est légitime. Aujourd'hui, tous ceux qui veulent faire
de la politique sont ambitieux.
A notre niveau, nous n'avons pris aucune décision, donc il y a une animation du terrain.
Les uns et les autres font la cour aux militants pour se faire remarquer mais en
son temps, le parti mettra de l'ordre pour que nous puissions aller aux élections
en front uni et de façon solidaire. Nous sommes en train de travailler et nous tenons
un certain nombre de réunions. Nous ne dévoilerons pas nos batteries parce que nous
sommes dans une position difficile. Ce que nous devons faire c'est être discret et
travailler.
Nous devons par conséquent dépasser les problèmes de personne. Dépasser les personnes
elles-mêmes pour vraiment réaliser les activités majeures d'un système politique.
Autrement dit, construire un véritable parti politique à Gagnoa.
C'est ce que nous sommes aujourd'hui en train de faire. Ensuite, faire en sorte que
comme nous le disions nos militants soient fiers d'appartenir au PDCI, qu'ils vivent
leur militantisme à visage découvert.
Si cela se réalise, nous allons dans le cadre de la discipline et de l'union créé
un fort courant politique qui est le courant PDCI. Une fois le courant créé, quel
que soit l'individu qui se présente, il faut que la machine PDCI puisse le porter
à la victoire.
On a déjà fait l'expérience, nous avons présenté des candidats les uns aussi valables
que les autres mais ils n'ont pas été élus.
Ne pourrait-on pas dire que c'est le courant qui a fait défaut à Guibéroua où le PDCI
à échoué de peu. Ne s'agissait-il pas là encore de banales problèmes de personne
?
- Vous corroborez ce que j'ai dit : Guibéroua était prenable mais il y a eu des problèmes
de personne.
Ces problèmes ont été déterminants parce que le courant politique n'était pas fort.
Parce que quand vous allez dire à un groupe de militants "voilà celui qui a été choisi
pour défendre les couleurs du PDCI, vous allez le voter".
Ils vous répondent "Comme ce n'est pas la personne que nous avons nous- mêmes choisie
donc nous ne votons pas". Cela veut dire que ces gens font abstractions du parti.
L'opposition nous a montré le bon exemple à Guibéroua.
En 1995, il y a eu des primaires. M. Troupa le député sortant a été battu mais la
direction du FPI l'a imposé et malgré tout, M. Troupa a gagné les élections. Tout
simplement parce qu'ils étaient mieux organisés que nous. Je mets une fois de plus
l'accent sur l'organisation de notre système.
Quand le parti est fort, le reste vient en second plan.
Comment le militantisme de proximité est vécu à Gagnoa ?
- Sans entrer dans les détails, je peux dire que dans le cadre de cette politique,
nous avons ramené la base opérationnelle du parti qui est la section au niveau de
la tribu.
Aujourd'hui, chaque tribu a une section donc un Secrétaire général de section. Ainsi
chaque tribu reconnaît un fils comme responsable politique.
On a donc rapproché vraiment les sections au niveau des tribus. En second lieu, nous
avons multiplié le nombre de comités de base. Nous sommes passés de 400 à 716 comités
de base. Et nous avons fait en sorte qu'à chaque fois qu'il y a un regroupement de
villages qui sont venus se regrouper.
Comment vous le voyez, nous formions les comités sur la base des anciens villages
qui sont venus se regrouper. Comme vous voyez, la restructuration même pose les jalons
du militantisme de proximité. Mais comme je l'ai déjà dit, il appartient aux animateurs d'être proches des populations et ce travail, nous l'avons déjà commencé.
Cette organisation assez originale prend t-elle en compte les communautés ethniques
allogènes ?
- Il faut dire que depuis les années 80, il n'y a plus de comité ethnique.
Il est évident que dans le cadre de la stratégie électorale, on dépasse les structures.
Nous sommes donc conscients de ce facteur important.
Un autre facteur qui a eu son importance lors des élections passées, c'est cette véritable
psychose des militants du PDCI. Qu'avez-vous entrepris pour maîtriser ce facteur
?
- C'est vrai qu'il y a eu le boycott actif qui a créé des préjudices importants.
Vous savez quand on analyse le boycott actif à partir d'Abidjan, on n'en mesure pas
toute la portée. On a l'impression que c'est une vue de l'esprit. Mais il faut avoir
vécu le boycott actif pour l'appréhender.
Moralement c'est difficile. Je prends mon cas personnel. Imaginez un instant un professeur
de médecine comme moi qui n'est pas étranger de la région parce qu'étant natif de
cette région et ayant participé depuis mon jeune âge à des projets de développement et Ministre de la République de surcroît. Imaginez qu'on a pu incendier ma voiture
à l'entrée de mon propre village. Je donne cet exemple pour montrer ce que cela peux
créer sur le plan moral.
Le boycott actif visait à casser le moral des gens et ceux qui ne sont pas politiquement
formés parce que nous sommes un pays jeunes se sont rétractés.
Il y a des biens qui ont été incendiés, il y a eu mort d'hommes, il y a eu beaucoup
de choses. C'était donc tout à fait normal que les gens aient eu peur mais je pense
qu'il y a bon espoir que cela ne se reproduise plus.
N'y a-t-il pas un message particulier à lancer à l'endroit des Secrétaires de section
pour plus d'efficacité ?
- Je dois d'abord m'acquitter du devoir de remercier "Le Démocrate" pour l'intérêt
qu'il porte à notre délégation.
A l'endroit de mes collaborateurs je dirais que les structures sont ce qu'elles sont
mais ce que nous espérons et ce à quoi nous allons nous atteler c'est de faire en
sorte que l'animation de la base soit effective.
Nous allons faire en sorte que nous ne nous dispersions dans des manifestations de
parade. Il faut qu'un travail de fourmi soit fait.
Il faut que les Secrétaires généraux rendent souvent visite aux villages, à leurs
sections et à leurs comités de base.
Ce n'est pas sorcier, je crois que le secret de la réussite se trouve là. Aujourd'hui
notre chance, c'est que depuis 1990, c'est le FPI qui a tous les postes électifs
à Gagnoa. 10 ans de gestion et un bilan à tirer. Il nous appartient à nous de savoir
en tirer profit.
Interview réalisée par
THÉODORE SINZÉ
Le Démocrate, bi-hebdomadaire du PDCI-RDA paraissant les mardi et vendredi
Directeur de la publication : Le Secrétaire National Chargé de la Communication du PDCI-RDA : Yao Noël
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