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BI-HEBDOMADAIRE DU PDCI-RDA
Mardi 15 Décembre 1998
HARÉDÉMA PALOUKI (DIRECTEUR GÉNÉRAL DU CAMPC)
"NOUS PASSONS À UNE GESTION DE TYPE PRIVÉ"
La XXIIè Session Extraordinaire du Conseil d'Administration du Centre Africain de
Management et de Perfectionnement des Cadres (CAMPC) qui s'est tenue les 05 et 06
Novembre derniers à Abidjan vient d'imprimer une nouvelle orientation à la gestion
de cette institution.
La nouvelle gestion de type privé appelé à accroître les ressources pour
la "rendre de moins en moins dépendante des contributions financières des Etat-Membres"
intervient avec la fin de l'ère des réformes. Des programmes nouveaux sont créés
pour satisfaire la plupart des besoins en formation continue, perfectionnement des
Cadres Africains. En toile de fond, améliorer la compétitivité du CAMPC dans un contexte
hautement concurrentiel. Tels sont les grands traits de l'interview du Directeur
Général, M. Palouki Harédéma.Quelles sont les grandes décisions qui ont été prises à la
dernière rencontre du Conseil d'Administration pour permettre au CAMPC d'être plus
efficace ?
- La dernière session du Conseil d'Administration du Centre Africain de Management
et de Perfectionnement des Cadres (CAMPC) que nous avons tenue les 05 et 06 Novembre
1998 ici à Abidjan a vu la fin de l'ère des réformes et de l'institution. En effet,
les trois dernières années ont été consacrées à des réformes pour la rendre beaucoup plus
performante et l'orienter vers une gestion de type privé. Car de plus en plus, le
CAMPC est appelé à s'auto-suffire financièrement grâce aux ressources qu'il doit
tirer de ses activités. Les réformes opérées sont d'ordre structurel et textuel. Les représentants
de tous les pays membres étaient présents. Je pense que nous avons maintenant une
institution bien outillée pour pouvoir affronter les défis du troisième millénaire.
Une gestion de type privé au CAMPC ne risque-t-elle pas d'élever les coûts de formation
et le rendre moins compétitif?
- La gestion de type privé s'accommode bien de la concurrence. Dans le privé, il n'y
a pas de rigidité de prix, de coûts, d'autant plus qu'il faut tenir compte de l'environnement
afin d'asseoir une politique appropriée. Ne pensez donc pas qu'en allant vers ce type de gestion, nous allons accroître démesurément nos tarifs. Au contraire,
il s'agit de mettre en place une stratégie susceptible de nous permettre de développer
des produits de qualité et diversifiés. En effet, les besoins sont divers et il faut
pouvoir leur trouver des réponses et avoir un bon rapport Qualité/Prix. Nous devons
veiller, dans ce type de gestion, à ce que tous ceux qui nous font confiance, à la
fin de chaque stage, soient entièrement satisfaits.
Cette forme de gestion de l'institution n'est-elle pas un constat d'échec des EtatsMembres
mauvais payeurs qui entendent ainsi compenser leurs arriérés de cotisations et réduire
leurs contributions financières au CAMPC ?
- Je ne parlerai pas de compensation. Mais vous avez bien vu. L'institution au départ
a vécu sur les dix premières années presqu'exclusivement des contributions des Etats
membres qui étaient très importantes. Mais des difficultés d'ordre budgétaire depuis
un certain nombre d'années ne permettaient plus à ces Etats membres de s'acquitter
totalement des montants des cotisations. Ce qui empêche l'institution de fonctionner
comme le souhaite la direction. C'est ainsi que le CAMPC s'est vu obligé de trouver
une stratégie pour sortir des difficultés. Cette stratégie porte sur la création de programmes
plus attractifs répondant aux besoins réels des clients, que ce soient les entreprises
publiques ou privées comme l'administration. Parce que, répondant à leurs besoins réels, les clients n'hésitent pas à payer pour suivre ces programmes. La création
des programmes, autres que l'activité première du CAMPC qui est la formation des
cadres moyens ou supérieurs, date de 1986 même si c'est maintenant qu'un accent particulier y est mis dans le cadre de la nouvelle orientation basée sur la gestion de type
privé.
Vous insistez sur la nouvelle gestion qui est de type privé. Si ce n'est pas pour
dédouaner les pays devenus tous hostiles au paiement de leur cotisation, à quels
besoins répond-elle ?
- L'objectif est de générer suffisamment de ressources pour rendre l'institution de
moins en moins dépendante des contributions financières des Etats membres, devenues
presque symboliques. Elles sont de 6,7 millions de FCFA pour chacun des six Etats
par an. Or le budget annuel du CAMPC est 700 millions de FCFA. Faites le calcul : le montant
cumulé des contributions des pays ne vaut même pas le dixième (1/10) du budget. Alors
qu'il faut faire face à nos besoins de fonctionnement, d'investissement. Car l'institution a besoin de s'équiper, d'étendre ses structures d'accueil, d'accroître et
de moderniser sa logistique. C'est pour toutes ces raisons et bien d'autres que nous
avons opté pour la gestion de type privé.
Le montant des arriérés de cotisation se chiffre à des centaines de millions de FCFA.
N'est-ce pas là une preuve du mépris des Etats Membres à investir pour développer
les capacités des ressources humaines ?
- Je ne peux pas jeter la pierre à nos Etats. Il faut honnêtement reconnaître qu'ils
ont vraiment des problèmes. Certains d'entre eux ont plusieurs mois d'arriérés de
salaire à payer aux fonctionnaires provoquant des pressions sociales. Dans ces conditions, certaines dépenses, même jugées importantes, passent au second plan au niveau de
ces pays. C'est ainsi qu'il faut comprendre les énormes arriérés de cotisation (des
centaines de millions de FCFA) à payer au CAMPC. Il ne s'agit pas, pour eux, d'une
volonté de ne pas investir dans les ressources humaines de leurs administrations. Au contraire,
j'ai noté, à travers la participation massive des Etats (Tous étaient présents) à
la dernière session du Conseil d'Administration du CAMPC, leur engagement à trouver
une solution au problème des arriérés de cotisation. C'est dire qu'ils sont conscients
du rôle de l'institution et savent également que nous sommes à l'ère du développement
qui passe par l'investissement dans les ressources humaines. Ce n'est donc pas par négligence ou même mépris de l'accroissement des capacités des personnels de leurs
administrations que les Etats ne paient pas régulièrement leur cotisation. Bien au
contraire, en donnant la nouvelle orientation sur la gestion du CAMPC, ils veulent
que cette institution soit le plus efficace possible. C'est d'ailleurs ce qui explique qu'ils
nous envoient des stagiaires pour nous aider indirectement.
Comment expliquez-vous le fait qu'on continue à assurer la formation de nombreux cadres
à l'étranger alors que le CAMPC peut le faire avec des coûts certainement plus bas
?
- Nous n'avons pas le pouvoir d'interdire à ceux qui en ont les moyens, de se faire
former à l'extérieur, d'autant plus que nous n'avons pas la prétention de répondre
à tous les besoins. Mais il faut remarquer que les formations des cadres ou techniciens
à l 'étranger sont généralement le fait des filiales africaines des entreprises, mutinationales
dont les sièges ont des structures de formation, une culture propre à elles de sorte
qu'elles estiment qu'elles-mêmes peuvent assurer la formation de leurs personnels.
Pensez-vous que le CAMPC est assez connu pour faire face à la concurrence d'autres
institutions opérant dans le même domaine que lui ?
- Je pense que nous sommes suffisamment connus surtout en Afrique francophone. Malgré
cela, nous estimons qu'un effort de marketing doit être fait car ce n'est pas de
tous les opérateurs économiques, de tous les clients potentiels que nous sommes connus.
Déjà nous faisons des annonces dans les journaux et autres médias. Nous devons fidéliser
nos traditionnels clients et conquérir de nouveaux marchés dans un domaine où règne
une concurrence impitoyable et même déloyale. Déloyale parce que des cabinets non
agréés nous prennent des parts de marchés. Mais très vite, les clients arrivent à faire
la différence notamment en termes de qualité des prestations et finissent par abandonner
les cabinets clandestins à la piètre efficacité.
Interview réalisée par
TIDIANE BAKARY O.
Le Démocrate, bi-hebdomadaire du PDCI-RDA paraissant les mardi et vendredi
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