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BI-HEBDOMADAIRE DU PDCI-RDA

Mardi 1er Décembre 1998

DÉMOCRATIE EN AFRIQUE

DE LA RESPONSABILITÉ DES OPPOSANTS

L'expérience sénégalaise de la protestation et de la contestation sur les bords de la Seine a décidément fait des émules. Le 20ème sommet France - Afrique en a donné la parfaite illustration. Des images d'opposants africains traitant des chefs d'État de dictateurs ou de tyrans et qualifiant une rencontre informelle devenue une tradition de sommet des buveurs de champagne ont fait le tour du monde.
Des opposants du continent noir défilant dans les rues de Paris pour dénoncer des atteintes aux droits de l'homme et aux principes fondamentaux de la démocratie ont été entendus sur les écrans de la télévision. Ils ont fustigé le comportement de certains chefs d'État qu'ils ont accusés de tous les maux. De telles images et de tels propos ont fait sourire plus d'un et même fait applaudir des Africains pour la simple raison que ce spectacle se déroulait en France. Mais l'expérience sénégalaise qui a fait tache d'huile mérite de ce que l'on s'y attarde un peu et que l'on analyse sérieusement ce nouveau phénomène qui pose la question de la capacité des oppositions africaines à sortir des schémas classiques de la contestation et faire ressortir la notion de la souveraineté des États. Les Africains sont-ils réellement capables de régler leurs différends politiques à l'intérieur des frontières des États? Pourquoi est-on obligé d'exporter nos querelles sur les bords de la Seine ou ailleurs à la recherche d'on ne sait quel appui politique? En conspuant nos chefs d'État à l'étranger ne sommes-nous pas en train de violer la souveraineté de nos États et avouer implicitement que nos états sont des "républiquettes" avec des "démocraties bananières"? Un opposant togolais affirmait que la France n'avait pas de raison de recevoir le Président Eyadema qu'il a accusé d'avoir ruiné son propre pays. Ce même opposant a souhaité que les rapports franco-africains ne soient pas des relations de maître à esclave. Cet opposant a t- il un raisonnement teinté de logique? Comment peut-il demander que le président Eyadema discute d'égal à égal avec le Président Jacques Chirac si dans le même temps, il l'accable de tous les maux dont souffrent le Togo? Ne fait-il pas de son Président l'esclave lorsque le Togo, son pays perd une partie de sa souveraineté quand Eyadema est vilipendé à Paris devenue en l'espace de 48 heures la capitale de l'Afrique?
Le récent rapport d'amnistie international a clairement posé le cas des violations des droits de l'homme aux Etats-Unis. Cela n'a pour autant été l'occasion rêvée pour les américains de huer Bill Clinton hors de son pays. En pleine affaire Levinsky, le Président Américain et son épouse ont fait plusieurs sorties à l'extérieur sans qu'ils ne soient objet d'attaques de la part de leurs compatriotes. Les Occidentaux dans ce domaine-là nous donnent une belle leçon : les affaires internes d'un État doivent se régler à l'intérieur des frontières.
Cela est valable aussi pour l'Afrique. Il est bon que l'on prenne conscience de cela. Fort de cette analyse, l'attitude des opposants africains est condamnable. Même si nos chefs d'État ne sont pas exempts de tout reproche.
S'il est vrai que les tenants du pouvoir doivent pratiquer l'ouverture politique, renforcer les bases de la démocratie et respecter les libertés individuelles et les droits de l'homme, les oppositions Africaines qui ont des droits ont aussi des devoirs dont le premier reste le respect des institutions républicaines. La préférence nationale et le patriotisme doivent être aussi incarnés par ceux qui aspirent gouverner demain. Franchement ce qui s'est passé en France n'est pas digne d'un responsable politique à tel point qu'on se demande si les africains sont vraiment mûrs pour la démocratie tellement les "maladies infantiles" de la démocratie prolifèrent un peu partout sur le continent et sous multiples facettes.
Le cas des élections législatives en Centrafrique est édifiant et reste matière à réflexion. Et pour cause : les opposants ont fini par obtenir un peu partout des commissions électorales autonomes accusant à tort ou à raison les gouvernants de tricher. Mieux, ils ont obtenu la présence d'observateurs internationaux. Mais tout cela ne suffit pas pour faire reculer le mur de la méfiance et diminuer la dose de mauvaise foi. Alors que dans ce pays frère, le gouvernement venait d'être félicité par la communauté internationale, l'opposition criait à la fraude massive. Les commissions électorales, nous le soutenons, ne sont pas la panacée mais nous ne comprenons pas qu'une équipe de football puisse rejeter le résultat du match après avoir choisi l'arbitre et imposé les règles du jeu. Ce n'est pas cohérent. Finalement, le Président Kabila avait peut-être raison de dire qu'il se retirerait de la politique une fois que son pays aura connu la stabilité. Parce que la mauvaise foi et l'hypocrisie ont intégré la politique en Afrique et que cela devient de moins en moins insupportable quand on gouverne. Tristes réalités africaines...

NAZAIRE BREKA




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