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BI-HEBDOMADAIRE DU PDCI-RDA

Vendredi 27 Novembre 1998

ANGOLA

LA GUERRE A COMPROMIS LA RÉUSSITE ÉCONOMIQUE

Pour celui qui débarque pour la première fois en Angola, la surprise est grande devant l'ambiance qui règne dans la capitale Luanda. Point de chars de combats, ni d'artilleries lourdes. Juste une surveillance policière discrète. La ville grouille de monde. Les effets de la guerre sont moins visibles. Et l'Angola vous donne l'impression d'être un pays comme les autres. Un pays qui s'est adapté à l'évolution du monde avec la fin de la guerre froide et le triomphe du capitalisme même si sur le plan politique l'on traîne encore les slogans marxiste-léninistes : "la lutta continua" ou la lutte continue pour vaincre l'adversaire du moment qui n'est autre que l'Unita de Jonas Savimbi...
L'Angola est un pays qui surprend. C'est même un des rares pays au monde où l'on ait fait cohabiter le capitalisme et le marxiste-léniniste. Le capitalisme, c'est pour l'économie de marché et la mondialisation.
Et la politique conserve les relents marxiste-léninistes. Bien sûr, le pays a connu politiquement de nombreuses mutations : le MPLA parti du travail est devenu le MPLA tout court, la République populaire d'Angola est devenue la République d'Angola sans plus....
Du président Agostino Neto, le père de l'indépendance, à José Eduardo Dos Santos, les choses ont donc évolué dans le sens de l'adaptation à la nouvelle mondiale.
A cheval sur l'Afrique centrale et australe, l'Angola est un pays qui compte à cause de ses richesses de son sous-sol qui reste un véritable scandale géologique. La guerre a réduit son ambition de devenir une puissance économique doublée d'une puissance militaire qu'il est véritablement aujourd'hui. Officiellement, ce pays exporte le pétrole d'où il tire l'essentiel de ses revenus.
Mais à regarder de près toute une gigantesque activité économique échappe au contrôle de l'État : l'exploitation du diamant et de l'or par exemple. Malgré les richesses du pays, la vie est aussi dure en Angola parce que la guerre a détruit l'essentiel des infrastructures économiques héritées de la colonisation. A Kaxito dans la province de Bengo, la guerre a soufflé l'une des plus importantes usines de céramiques et détruit le plus grand barrage hydro-électrique du pays qui alimentait les deux tiers du pays en électricité.
Et lorsqu'on ajoute à cela les dégâts énormes causés à Huambo ville située dans le centre du pays, on mesure mieux, les réalités angolaises qui sont perceptibles dans la capitale où chacun se bat pour exercer une activité pouvant lui permettre de survivre : "la guerre coûte vraiment cher à l'État. Cela fait trente années que cela dure. Ici on pense d'abord à soutenir l'effort de guerre, le reste vient après. Nous avons fini par nous habituer à cette situation. Je ne pense pas qu'il y ait une autre alternative à cela si ce n'est la paix..." confie un habitant de Luanda qui connaît les mêmes problèmes que les grandes métropoles africaines notamment le chômage.
Ici, les femmes s'en sortent mieux. Elles exercent en majorité dans la capitale angolaise le métier d'agent de change : le dollar contre le kwanza la monnaie locale.
Ainsi, de nombreux visiteurs étrangers sont interpellés à tous les coins de rue...
C'est la chasse au dollar. Une activité déclarée officiellement illégale mais qui se déroule au vu et au su des autorités : "face à la situation actuelle, les autorités ont fermé les yeux.
C'est une source de revenu pour certaines familles. Traquer ces braves femmes à tous les coins de rues, c'est ôter le pain de la bouche de milliers de familles..." révèle Alberto employé à l'hôtel Tropico.
En Angola, les autorités doivent faire face à une inflation chaque jour ascendante qui met hors de portée de la population certains produits de première nécessité : vivre dans ce pays n'est donc pas chose facile. Tout coûte cher. Et tout est imputable à la guerre. "La guerre nous a compliqué l'existence. Il faut sortir de cette crise pour espérer que les choses s'améliorent un jour.
Nous nous demandons finalement si nous ne sommes pas victimes de notre richesse. Imaginez-vous que la guerre prenne fin. L'Angola peut devenir un eldorado comme l'est en ce moment l'Afrique du Sud..." ajoute Alberto qui a bon espoir quant à l'avenir de son pays parce que soutient-il, la culture de paix germe progressivement dans l'esprit des populations qui sont fatiguées et épuisées par trente années de guerre civile.


LE PRIX DE LA GUERRE
A l'exemple de Luanda la capitale, les grandes villes de l'Angola portent le poids de trente années de guerre civile. Les populations fuyant les combats ont regagné les grandes agglomérations pour trouver un refuge. Cette situation donne actuellement aux villes l'image de cités dortoir qui accueillent chaque jour des milliers de personnes. A preuve Luanda construite initialement pour une population de 600.000 âmes se retrouve avec 3,5 millions d'habitants. Dans ces conditions, de nombreuses infrastructures n'ont pu résister à la pression démographique. Les artères de cette belle cité se sont dégradées au fil du temps.
A cela s'ajoutent les problèmes environnementaux mais aussi et surtout la naissance de quartiers spontanés où vivent dans des conditions précaires de milliers de gens. "C'est la guerre qui est à la base de toutes ces difficultés auxquelles nous sommes confrontés. Luanda est une belle ville mais le surpeuplement a détruit bon nombre d'infrastructures. Mais nous pensons qu'avec les actions engagées par le gouvernement, les choses évolueront positivement..." Ces paroles du ministre de l'Hôtellerie et du Tourisme Jorge Valentim montrent bel et bien que la guerre a des implications difficiles parfois à maîtriser.
L'Etat angolais qui n'entend pas croiser les bras a entrepris la réhabilitation des grandes bâtisses héritées de la colonisation donnant ainsi à Luanda l'aspect d'un vaste chantier. Certains travaux de rénovation de quelques édifices publics ont même été achevés notamment le palais présidentiel inauguré récemment par le Président José Edouardo Santos. "Les Portugais ont construit dans ce pays de belles villes. Mais avec cette guerre qui dure depuis 1975, elles ont toutes perdu leur lustre d'antan. C'est un aspect de la guerre que l'on ne perçoit pas toujours... Le peuple angolais a beaucoup payé en trente années de guerre civile..." poursuit le ministre Valentim. L'Angola dont le nom rime avec la guerre a aussi son charme. La province de Huila par exemple abrite des sites touristiques fabuleux et surtout Loubango son chef-lieu qui séduit tout visiteur et vous fait oublier en l'espace d'un séjour les affres de la guerre.

N. B.




Le Démocrate, bi-hebdomadaire du PDCI-RDA paraissant les mardi et vendredi

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