BI-HEBDOMADAIRE DU PDCI-RDA

Mardi 24 Novembre 1998

EXCLUSIF
JORGE VALENTIM (Ministre de l'Hôtellerie et du Tourisme Coordonnateur de la Direction Provisoire de l'UNITA)

"NON À LA GUERRE, OUI À LA PAIX !"

"Non à la guerre, oui à la paix!"; des mots chargés d'espoir qui illustrent la nouvelle donne politique sur l'échiquier angolais. L'homme qui nous parle, Jorge Valentim est le ministre de l'Hôtellerie et du Tourisme, Coordonnateur de la Direction provisoire de l'UNITA qui précise : "Savimbi pour nous n'est plus le leader de l'Unita". Interview
Quelles sont les raisons objectives qui ont motivé la création du mouvement rénovateur de l'UNITA?
- Je dois vous dire que nous avons compris que le président Savimbi n'avait pas développé une volonté politique pour faire appliquer les Accords de Lusaka. Nous avons créé le mouvement des rénovateurs parce que le peuple nous a exigé de prendre des dispositions pour sauver le processus de paix. Savimbi avait donné toutes les garanties ici à Luanda. Il avait accepté la démilitarisation de l'UNITA et promis de rendre les provinces sous occupation à l'administration de l'Etat. Après plusieurs mois, nous avons compris qu'il avait trompé l'opinion. Parce que rien n'a été fait dans le sens de l'aboutissement du processus de paix. C'est pour cette raison que nous avons pris position pour dire non à la guerre, oui à la paix. Mais au lieu de faire des critiques personnelles contre le Dr Savimbi, nous avons fait un manifeste pour orienter le parti. Les Députés Unita au Parlement qui n'avaient jamais reçu d'orientation de la part de Savimbi ont apprécié cela. Nous qui sommes dans le gouvernement, nous étions aussi abandonnés. C'est la même chose chez les gens qui avaient été envoyés dans l'armée. Nous nous sommes posés beaucoup de questions et nous avons fini par comprendre qu'il fallait prendre les choses en main. C'est' pourquoi nous avons créé ce mouvement et mis sur pied une direction provisoire en attendant notre prochain congrès. Savimbi pour nous n'est plus le leader de l'Unita.
Avez-vous les moyens de faire aboutir le processus de paix?
- Nous avons réussi à créer l'espoir dans l'esprit des Angolais car ils avaient été tous gagnés par le désespoir. Bien que les troupes de Savimbi soient armées, l'avenir appartient à la paix. Les gens en Angola croient que c'est possible depuis notre prise de position. C'est pourquoi nous disons qu'en ce moment il y a de réels espoirs pour la paix en Angola. Nous avons demandé à ceux qui sont encore dans l'armée de Savimbi de déposer les armes. Notre message a été bien accueilli et dans de nombreuses provinces, de milliers de gens ont abandonné l'armée. Nous espérons qu'il y en aura plus pour les mois à venir. Au cours de la dernière réunion des Conseils de Ministres, il a été décidé de créer une structure baptisée "le corps de la réconcile parti. Nous parlons en tant que responsable de l'Unita. L'avenir nous dira qui a eu raison de parler de paix. Nous sommes un parti politique qui a son histoire. Nous avons travaillé pour l'Unita, nous avons passé toute notre jeunesse dans ce parti. Nous avons aidé Savimbi jusqu'au jour où nous avons compris qu'il ne voulait pas la paix...
Notre désaccord avec Savimbi est un désaccord politique. Nous sommes aujourd'hui un parti d'opposition et en même temps nous sommes conscients que nous faisons partie du gouvernement...
Quelles sont vos priorités de l'heure?
- Nous avons un programme. Pour le moment c'est la paix qui est la question fondamentale. D'autres questions seront soulevées au moment opportun et nous allons défendre nos thèses. Nous avons un programme économique et nous avons des spécificités politiques. Mais le point d'intérêt commun pour tous les partis politiques angolais. Nous allons continuer à travailler pour la paix.
Avez-vous réellement les moyens de votre politique face à un parti politique comme le MPLA?
- Nous avons conscience que le MPLA est un grand parti. Mais nous le sommes aussi. Mais c'est Savimbi qui a démantelé notre parti. Au moment où il fallait fortifier le parti, il ne l'a pas fait. Pourtant nous savions très bien que notre parti a les moyens qu'ils reçoit de la vente des diamants. Nous devons donc restructurer l'Unita et fortifier son implantation dans chaque province et nous devons mobiliser les gens de sorte que nous occupions notre place dans la société angolaise. Même dans le gouvernement, nous n'avons pas encore pris toutes les places qui nous sont réservées. Nous avons aussi le droit par rapport aux accords de Lusaka de nommer des directeurs des grandes entreprises d'Etat. Le refus de Savimbi de participer à la paix a fait perdre énormément à l'Unita.
Nous allons rattraper ce retard. C'est pour cela que nous l'avons destitué. Nous repartons sur de nouvelles bases avec en ligne de mire la paix.

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