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SUR LE VIF



DALOA

Faux hold-up, vrai vol !


Bohou Ziké n'aurait certainement pas fait une bonne carrière dans le cinéma, s'il s'y était orienté. Il aurait fait figure de piètre metteur en scène. La simulation d'un hold-up qu'il a montée pour faire disparaître 1.500.000 frs de son patron est si grossière qu'elle n'a pas été applaudie par le tribunal de Daloa. Il passera 5 ans au bagne pour parfaire ses dons de cinéaste égaré.
C'est en juin 1992 que Ziké a été embauché par un Libanais commerçant de poisson congelé à Daloa. Très vite, le nouvel employé acquiert la confiance de son patron. Il se voit dans un premier temps confier de petites responsabilités telles que la supervision des déchargements de camions de livraison. Ziké s'acquitte si bien de sa tâche qu'après 4 mois de service, il est commis aux versements bancaires. C'est à lui qu'il revient à 16 heures chaque jour de porter à motocyclette la recette de la journée à la banque selon un itinéraire bien étudié par son patron. Il doit passer par la gendarmerie brigade-ville, le service social, la préfecture, les bureaux de poste et parvenir enfin à la SGBCI.
Ziké a régulièrement versé d'importantes sommes d'argent jusqu'au 1er février dernier. Ce jour-là, sans raison apparente, Ziké décide de changer de chemin. C'est par le monument aux morts qu'il préfère cette fois-ci se rendre à la banque.
Au niveau des Contributions diverses, deux hommes qui l'avaient pris en chasse sur une moto de grosse cylindrée, lui barrent le chemin. L'un d'entre eux sort un pistolet, tandis que le second s'empare de l'argent attaché à l'arrière de l'engin de Ziké. Les bandits disparaissent non sans avoir tiré des coups de feu en l'air. Ça, c'est la version de Ziké. Mais plusieurs témoins ayant assisté aux faits soutiennent le contraire. L'un d'entre eux affirme que la scène à laquelle il a assisté puait à s'y méprendre la simulation. Selon lui, lorsque les hommes à moto ont barré le chemin à Ziké, ce dernier, sans être inquiété, a fait coucher sa monture, s'est dirigé vers l'un de ses agresseurs et l'a pris au collet. Le procureur a fait remarquer que de "vrais" bandits opérant en plein jour ne se seraient pas accordé le temps de se bagarrer avant d'emporter leur butin.
Quant à la raison qui lui a fait changer d'itinéraire, Ziké dit que ce jour-là, il a aperçu le véhicule de la police garé à un carrefour. Et comme sa mobylette n'a pas de pièces, il a préféré éviter les policiers. Or, les policiers sont formels. Le jour de l'événement, leur voiture était au garage pour raison de panne.
Ainsi, plusieurs autres contradictions qui ont fait constamment revenir Ziké sur ses déclarations, ont fini par convaincre le juge de la culpabilité de Bohou Ziké. 5 ans de prison. Le temps que ses complices dilapident les fonds avant qu'il ne recouvre la liberté.

BANTO DJEZON