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VISITE A MAMA CHEZ LAURENT GBAGBO

Le château ? Une banale villa

Qu'est-ce qui fait l'originalité de la maison de Laurent Gbagbo à Mama? Combien de francs a-t-elle coûtés? Pourquoi a-t-elle été l'objet de tant de commentaires? Beaucoup de personnes qui ne l'ont jamais vue en parlent à l'aise. Nous livrons notre témoignage, après y avoir séjourné pendant quatre jours.

"Voulez-vous savoir pourquoi cette maison a tant défrayé la chronique? En 1990, mes adversaires ont fait campagne sur ma pauvreté: ils répétaient à tout vent qu'il ne fallait pas suivre quelqu'un qui n'avait même pas une case dans son village. Quand ils ont vu que j'ai commencé à construire cette maison, ils ont répandu l'hypothèse que l'argent était mal acquis. La maison en elle-même est ordinaire mais elle repose sur un vaste terrain. Ce qui est réellement impressionnant, c'est le plan: un dôme avec deux ailes. C'est un plan de Doh Bonaventure".

C'est en ces termes que Laurent Gbagbo résume la curiosité et parfois la malveillance qui ont dominé les propos de certains Ivoiriens quand ils parlent de son domaine. Oui, le plus impressionnant à Mama est l'espace vert aménagé sur une superficie de 15 ha. Soit 2 fois le complexe de Sol Béni ou trois fois le stade Houphouet-Boigny. Un vaste terrain domine par des aires gazonnées et un verger comprenant des papayers, des orangers, des manguiers et divers arbres fruitiers. "Le terrain est tellement grand que je n'ai pas les moyens d'en faire la clôture", lance le propriétaire.
Il s'est octroyé ce terrain avec l'accord de ses parents, propriétaires terriens, et en les dédommageant symboliquement pour les plantations qu'il a dû détruire. Au fond, ses parents étaient heureux de le voir s'installer au village, nous précise-t-il.
Sur son vaste domaine, le "château" dont on a beaucoup parlé ressemble à une banale villa. Elle compte un grand salon, un petit salon, une salle à manger, une cuisine, un bureau non encore équipé, la chambre principale, quatre chambres pour les amis ou visiteurs. Un deuxième bâtiment abrite les dépendances comme la cuisine africaine, la buanderie, un garage pour trois véhicules, deux magasins et une chambre pour le majordome, Koudou. Le troisième bâtiment est un appatam ) l'entrée réservée aux réunions et réceptions.
En dehors de la résidence principale qui a ses salles d'eau, ses planchers et ses chambres revêtues de carreaux et les murs peints, les deux derniers bâtiments ont juste les murs en géobéton montés et la toiture en place. Tout reste encore à faire.
Commencée en 1991, la résidence de Mama est loin de s'achever surtout que la maison de la Riviera est en réaménagement-extension. C'est la nouvelle propriété. D'où vient l'argent ayant servi à construire la maison de Mama et combien de millions ont été déjà dépensés? Les premiers fonds sont le prêt de 8 millions de francs accordés à chaque député pour s'installer. Après leur arrestation le 18 février 1992, les Gbagbo ont vendu un terrain qu'ils avaient à Abidjan à cinq millions pour continuer les travaux de Mama. A la sortie de prison, un rappel de sept millions de francs leur a permis d'avancer dans les travaux. De 1990 à 1998, toutes leurs indemnités de députés sont passées dans la construction de la résidence. Tout comme les indemnités de chercheur qui, au cours de la première législature, étaient versées cumulativement. Par ailleurs, des aides et cadeaux ont contribué à faire avancer les travaux: il a reçu tantôt 10 tonnes de sable ou de ciment, tantôt des carreaux à bon prix

JEAN-BAPTISTE AKROU